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civilisations

Entropie

Entropie humaine

Le 24/09/2021

En physique, une notion m’a toujours paru mystérieuse, même si on peut la traduire par des expressions mathématiques : l’entropie. Cette valeur qui ne peut que croître me semble d’ordre divin ou plutôt diabolique. Est-elle universelle ?

Qu’est-ce que l’entropie ? C’est une grandeur qui permet d’évaluer la dégradation de l’énergie d’un système, l’entropie caractérise son degré de désordre. Elle peut s’exprimer par le rapport entre la quantité de chaleur et la température d’un système isolé : Q/T. L’entropie est intimement liée à la flèche du temps. Il est impossible de revenir à l’instant d’avant. Un sucre dissout dans le café ne redeviendra jamais un sucre. Et les particules de sucre bien ordonnées et figées dans des cristaux sont maintenant associées aux molécules d’eau en désordre et en mouvement. L’entropie du petit noir, et du sucre sur la soucoupe, a augmenté.

Peut-on parler d’entropie humaine ? L’humanité peut-elle être considérée comme un système isolé ? Il serait simple de dire qu’un ensemble vivant ne subit pas les lois de la thermodynamique et n’en parlons plus. Je n’en crois rien. La flèche du temps agit cruellement sur nous. On n’a jamais vu un mort revenir à la vie (à de rares exceptions près). L’entropie du genre humain ne pourrait-elle que croître, comme celle de toutes choses dans l’univers ?   

Le vivant a une relation particulière à l’énergie. Contrairement aux systèmes naturels inanimés qui dispersent l’énergie dans l’environnement, le vivant consomme de l’énergie, il pompe dans son milieu pour vivre. La vache mange de l’herbe et restitue des gaz nauséabonds. On sait ce que commet l’homme. Dans un système en équilibre avec assez de pluie et pas trop de vaches, l’entropie globale ne croît pas trop vite (il y a quand même transformation de carbone organique en gaz dans l’atmosphère). Mais sur terre nous sommes très loin de l’équilibre.

L’énergie de l’univers se dégrade, le désordre augmente mais la richesse aussi. À partir de l’hydrogène et de l’hélium les étoiles en mourant fabriquent de l’or. Sur terre peut-on dire que la vie est une richesse ? Si on considère que la vie n’a pour but que sa pérennité (je ne vois pas quel autre but elle pourrait avoir) elle débouche obligatoirement sur le progrès des espèces par la sélection naturelle. La vie s’enrichit d’elle-même. La complexité gagne, donc le désordre, forme de l’entropie de la vie.

Mais l’homme ? On pourrait se contenter de ce qui vient d’être dit. L’homme est le fruit de l’évolution (on sait aujourd’hui que de nombreuses espèces d’êtres humains ont précédé l’homo sapiens) et son entropie marquerait le sommet (provisoire) de la vie. Ce serait sans compter les civilisations qui se sont succédées et se sont effondrées l’une après l’autre. Y a-t-il un rapport entre l’hégémonie exercée par un groupe humain et l’entropie générale ?

De toute évidence oui ! Les lois, les mœurs, les contraintes imposées par le groupe dominant, viennent se superposer aux règles des dominés. Les minorités s’opposent au pouvoir. Le désordre s’accroit avec les conflits. Quel bond formidable de l’entropie humaine qu’une guerre. L’énergie (au sens large) dégradée est perdue à jamais. Sur les ruines, une nouvelle civilisation s’installe, toujours plus avide, et l’entropie continue de croître sans possibilité de retour en arrière.

L’entropie humaine se nourrit des ressources disponibles sur terre, fournies en grande partie par le soleil (les énergies fossiles seront un jour épuisées mais l’énergie colossale fournie par le soleil devrait toujours suffire à satisfaire nos besoins les plus délirants). L’homme finira-t-il dans un désordre gigantesque, une espèce de mouvement brownien de ses mille milliards d’habitants ? Puis le soleil s’éteindra après un gigantesque feu d’artifice, la terre se débarrassera de son atmosphère et de ses habitants, réduits en poussière, vide d’énergie. L’entropie, cette valeur mystérieuse, grandira encore jusqu’à la dispersion totale de la planète dans le vide intersidéral.