eau lustrale
L'eau
Le 10/03/2023
L’eau
Quoi de plus banal que l’eau ? Même si elle fait l’actualité régulièrement à cause d’une probable sécheresse durable en France, il ne s’agit que d’un liquide incolore, inodore et sans saveur omniprésent, qui nécessite un parapluie quand il pleut. L’eau est pourtant un liquide extraordinaire.
Physiquement d’abord, l’eau détient le record de chaleur spécifique pour un liquide c’est-à-dire qu’il faut plus de chaleur pour faire bouillir de l’eau que pour tout autre liquide (si on excepte le mercure, lui aussi extraordinaire puisque c’est le seul métal liquide à température ambiante). Ça n’étonne personne de voir la glace flotter et pourtant cela résulte d’une anomalie. L’eau solidifiée est moins dense que l’eau liquide, ce qui ne se produit pour aucun autre corps. Dans le cas contraire la glace coulerait et les océans polaires seraient entièrement transformés en glace. La densité maximum de l’eau (douce) se trouve à plus quatre degrés, si bien qu’elle ne peut geler en profondeur (pour l’eau de mer c’est un peu différent mais le résultat est le même). Si l’anomalie de densité n’existait pas le climat serait totalement différent et la vie serait peut-être absente sur la terre.
L’eau est un solvant universel. Dans la mer, pratiquement tous les éléments chimiques sont présents en solution, pour beaucoup en faible proportion. En extraire de l’or comme ça déjà été tenté à Guernesey est une utopie, pourtant l’or est bien présent. D’autres métaux se retrouvent en concrétion au fond de la mer mais l’exploitation des nodules métalliques se révèle assez problématique.
Sur terre l’eau se trouve partout, même en plein Sahara l’humidité peut provoquer de la gelée blanche le matin. À Toulon sous le cagnard, le gosier sec, l’air peut être à 90% d’humidité, la sueur perle au moindre effort ! Ce qui n’est pas le cas à Brest (sauf pour le gosier). Cependant l’eau douce est rare, rivières, lacs et glaces ne représentent que 0,02 % de l’eau de surface. Il faut aller la chercher dans les nappes phréatiques à des profondeurs pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de mètres. Les nappes aquifères sont plus profondes encore. Enfin dans le manteau terrestre, entre 500 et 600 km de profondeur on trouve une couche de roches contenant une quantité d’eau considérable, comparable aux océans de surface. La planète bleue est gorgée d’eau. Les êtres vivants aussi.
L’eau est présente partout dans l’univers, généralement sous forme de glace. On en trouve sur la Lune, sur Mars, sur les astéroïdes. Il y a même un océan liquide sur Encelade satellite de Saturne, sous une couche de glace de 20 km d’épaisseur ainsi que sur Europe et Ganymède satellites de Jupiter, également sous une croute de glace très épaisse. On ne sait pas encore si la vie peuple ses eaux.
L’apparition de la vie sur terre est très probablement liée à la présence d’eau. Et sans eau, pas de vie possible. Les anciens l’ont bien compris qui font du titan Océan, un des premier et des plus puissants dieux. Le frère de Zeus, Poséidon dieu de la mer, exerce son hubris sur les eaux et la terre, provoquant tremblements de terre et tempêtes terrifiantes.
L’eau est aussi un solvant du péché originel puisqu’elle permet de s’en laver par le baptême. Saint Jean Celui qui a vu raconte : « Arrivés à Jésus ils le trouvèrent mort ; ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et aussitôt il sortit du sang et de l’eau… » (19 33) Le sang atteste du sacrifice du Christ et l’eau, symbole de l’Esprit, sa fécondité spirituelle. Dans le sang les chrétiens reconnaissent l’eucharistie et dans l’eau le baptême, l’eau lustrale.
L’eau lustrale, l’eau qui purifie, n’est-ce pas là sa meilleure définition ? Et une bonne raison pour la garder propre. Ne pissons pas dans le bénitier !