Comporte toi en stupide, tu deviendras impénétrable pour l’éternité.
La monade de John Dee est un hiéroglyphe qui concentre toute la sapience de l’univers. C’est aussi un talisman contre l’intelligence. Je vais tenter de l’expliquer, en usant le moins possible de tétrapiloctomie (l’art de couper les cheveux en quatre).
Monade signifie unité, principe absolu en métaphysique, c’est-à-dire Dieu ou esprit père. Elle peut aussi être représentée par un point au centre d’un cercle. Ou par le signe de Kih-Oskh qui a tant intrigué Tintin dans ‟Les cigares du pharaon”. Et bien d’autres, tout autant ésotériques.
La Monade (avec une majuscule) est le principe, la monade (sans majuscule) est l’unité. Une particule élémentaire, éternelle, incréée, toujours identique à elle-même pouvant se multiplier à l’infini comme si elle était vue dans des miroirs parallèles. Autrement dit chaque monade est un point de vue clair dans un ensemble flou, une lumière pure qu’on ne peut voir car la regarder la fait disparaître du champ de vision (en application du principe d’incertitude d’Heisenberg).
C’est le point en mathématiques et la particule élémentaire en physique quantique. Pour l’esprit, c’est une individualisation extrinsèque de la divinité. Quand la matière se divise en monades physique, elle est prête à devenir esprit. La désintégration conduit à l’inexistence donc à la mort. Contenant l’esprit et la matière, la monade représente ainsi la conscience individuelle, impénétrable, originale, en relation avec les autres monades qui constituent l’univers, multiple manifestation des monades uniques. Tout communie dans l’Un, la Monade, Dieu.
Miroir vivant de l’univers, la monade est composée d’un principe énergétique, l’âme et d’un principe passif, la masse. Ainsi est expliqué avec pilocatabase (l’art de s’en sortir à un poil près), le mystère de l’équivalence entre la masse et l’énergie chère à Einstein.
Je vous laisse réfléchir, je vais pratiquer maintenant l’avunculogratulation (l’art de saluer sa tante), elle arrive. Je ne voudrais pas faire attendre sa Monade.
Si vous voulez en savoir plus, lire ‟ Le pendule de Foucault” de Umberto Eco, 648 pages (en livre de poche), d’élucubrations savantes et humoristiques. Un feu d’artifice de mots inconnus, de sorcellerie et d’ésotérisme. Et de sagesse : « Ma gavte la nata ! » dit le héros en dialecte milanais pour conclure. Ôte ton bouchon ! C’est ce qu’on dit à une personne gonflée d’importance, qui devrait ôter le bouchon de son cul pour dégonfler.