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La poste

La poste 3

La Poste

Le 27/02/2025

La poste

Une lettre postée à La Rochelle le 16 décembre 2024, est arrivée à Brest le 24 janvier 2025. Nous savions qu’elle était en chemin depuis Noël, aussi quelle joie de la voir arriver chez nous. Quelle célérité ! 38 jours de voyage, presque en plein hiver.

Les sacs bourrées de lettres, chargés à l’aube dans le coffre de la diligence de la poste, sur la grande place de la ville huguenote, par les employés emmitouflés qui se pressent dans le froid humide de ce matin de décembre, portent les écrits soigneusement calligraphié de notaires consciencieux, de parents inquiets, d’amoureux séparés, de débiteurs en retard ou de créanciers exaspérés, de soldats et de marins loin de leur famille, d’écrivains désespérés, de poètes maudits, d’enfants exilés… enfin toute la joie, la misère et l’espérance d’un peuple, dans ces lettres qui arriveront à destination, sorties des sacoches de cuir des facteurs familiers, distribuées deux fois par jour aux destinataires impatients.

La diligence est partie, tirée par quatre postiers bretons fringants, crinière au vent. Ils ne voient pas la route car on leur a mis des œillères mais ils sentent aux jarrets, les côtes qu’il faut gravir en tirant la lourde voiture. Le fouet claque sur leur échine sans les toucher, leur intimant l’obligation de tirer plus fort. Sous les encouragements orduriers du cocher, les fers de leurs sabots lancent des étincelles sur les cailloux du chemin où d’ornières en nid de poule, rebondissent les roues cerclées de fer du char du courrier. Les chevaux en leur for intérieur pensent au relai de poste où dételés, bouchonnés, on leur mettra un sac d’avoine sur le museau. Ils resteront debout, pensifs et frissonnants en attendant de nouveaux efforts, de nouvelles routes, encore des claquements de fouet et des invectives dans une langue inconnue.

Sur les belles routes de France, ombragées par des lignes d’arbres centenaires, le courrier avance vite, distribué à qui de droit, dans le moindre hameau, à chaque ferme isolée. Point de boîte aux lettres, la missive est donnée en main propre avec les nouvelles que le facteur augure : « C’est de votre fils du Tonkin, ça fait un an qu’il y est, il va revenir bientôt, va ! » Ça mérite bien un verre de vin.

Trente-huit jours pour faire près de cinq cent kilomètres, ce n’est pas un exploit, mais le résultat du travail obstiné de La Poste (la lettre aurait pu ne jamais arriver). L’oiseau bleu qui figure sur son sceau a voyagé sur le dos d’un escargot, à cause des grèves.

L’organisation gigantesque robotisée s’est perdue dans un management forcené. Le fouet ne sied pas aux hommes, ils en meurent parfois (des dirigeants de La Poste ont été condamnés pour ça).

La Cour des comptes estime que La Poste coûte trop cher (bénéfice net en 2024 : 1,4 milliard d'euros). Un service public trop cher ? Pas rentable ? Yaka le supprimer. Comme disait Staline, le problème c’est les hommes, plus d’hommes plus de problème.