Je me vois obligé de déroger à la règle du présent blog qui n’est pas censé traiter de l’actualité. Je vais donc ajouter quelques mots à la logorrhée des médias sur le Coronavirus. Comment faire autrement puisqu’on ne parle plus que de ça.
« Nous sommes en guerre », Macron l’a dit. En 1916, les journaux allemands titrent « À l’Ouest rien de nouveau » (Erich Maria Remarque). On continue à tuer 1000 hommes par jour, ce n’est pas nouveau, le front est calme. En France on donne des « Nouvelles du front ». Rassurantes. La véritable horreur ne sera dite que par les écrivains et les carnets de guerre des Poilus, plus tard. Que ce serait-il passé si les médias, avec les moyens d’aujourd’hui, avaient exposé la vérité, à la population, l’arrière, comme on disait alors ? On aurait montré des photos, réalisé des reportages, interviewé les médecins, les infirmières, les blessés, compté les morts. Qui sait, d’intrépides cadreurs auraient suivi en direct une attaque, sous le feu roulant de l’artillerie (à l’époque le direct n’existait pas, on se contentait de reconstitutions à l’arrière).
Le public accablé, aurait déserté les théâtres et les cinémas. Un énorme nuage de prières se serait alors élevé vers Dieu (ou Marx), et le peuple en foule, se serait porté sur l’Assemblée nationale pour réclamer la paix. Les gouvernements ne pouvaient prendre le risque d’une transparence insoutenable. La propagande remplaçait la vérité.
Aujourd’hui c’est la vérité qui constitue la propagande, ce qu’on voit, du moins ce qu’on nous montre, scientifiquement, avec calme et pudeur (pas toujours). Et c’est l’écœurement didactique, nous sommes assommés, sidérés, perclus d’inquiétude, bientôt morts de peur. La télévision, au journal de 20 heures, nous inflige chaque soir une émission spéciale Coronavirus. Il n’y a plus de guerres, de famines, de terroristes, d’émigrés, d’accidents, de sport, (confinement oblige), de pollution (c’est vrai), etc. Le journal de RTL s’est ouvert ce soir (26 mars) sur la mort de Michel Hidalgo, une petite respiration (si je puis dire) dans les nouvelles de la pandémie qui prennent toute la place.
Trop d’informations ? Trop d’injonctions ? Le président, en chef de guerre, nous conduira à la victoire (j’ai confiance), alors pourquoi prend-il ce ton pleurnichard dans ses discours longs comme une journée de confinement et où il répète dix fois la même chose ? C’est le moment d’être martial au contraire, et bref. « Du sang, de la sueur et des larmes » (Churchill en 1940) mais ce serait trop violent pour nous, combattants du XXIe siècle. On nous montre jusqu’à la nausée, la sueur et les larmes, l’imagination fait le reste et c’est bien pire. Il faut arrêter de regarder les diaboliques chaînes d’information en continu.
« Paroles, paroles… » comme dit la chanson de Dalida, compassion aussi et promesses, qui s’apparentent à une lettre au père Noël. Existe-t-il une stratégie de communication gouvernementale, en dehors des mensonges de circonstance ? Heureusement qu’il nous reste les réseaux sociaux, où l’humour des confinés nous fait parfois éclater de rire. « Rire en larmes » selon l’expression d’Homère.