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poètes

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Le néant des idées

Le 19/05/2021

Qu’est-ce qu’une idée à laquelle on ne pense pas ? (Alain) Comment un de nos plus grands philosophe contemporain peut-il proférer une telle sottise ? Je plains sincèrement les élèves de terminale qui seront jugés pour une large part sur leurs prestations philosophiques. À l’oral qui plus est. Mort aux timides et bafouilleurs !

Mais qu’est-ce qu’une idée à laquelle on pense ? Alain ne répond pas. Une idée c’est une petite lumière qui s’allume dans notre cerveau (on la figure par une lampe électrique dans les dessins de presse). Tout s’éclaire et soudain, nous savons ce que nous avons à faire. Eureka ! s’écrie Archimède dans son bain, quand il voit son sexe se dresser mollement comme une algue dans la mer. Il en déduit que : « Tout corps plongé dans un liquide reçoit de la part de ce liquide, une poussée verticale de bas en haut égale au poids du liquide déplacé. »

Tout le monde n’a pas de baignoire, on peut simplement avoir l’idée d’acheter une pizza pour éviter d’avoir à faire à manger. L’idée est l’amorce d’une réalisation, si elle se concrétise. Curieusement mises au pluriel, les idées, n’ont plus la même signification. On se fait des idées, c’est-à-dire qu’on imagine des choses qui ne sont pas. L’inverse en fait, d’une bonne idée.      

Mais il y a d’autres idées qui n’en sont pas, comme par exemple les idées des hommes politiques, ce qu’ils nomment des convictions. Mot honnête pour dire des croyances, qu’ils n’ont aucun moyen de prouver avant de se trouver au pouvoir, en situation alors de ne pas pouvoir (ou de ne plus vouloir) les appliquer. Mais n’accablons pas les politiques, nous avons ceux qui nous ressemblent, ou du moins, nous représentent.

Mis à part les idées géniales qui conduisent à des inventions, que reste-t-il de nos idées ? Je ne parle pas du fonctionnement normal du cerveau qui nous fait bouger bras et jambes en fonction d’un but plus ou moins bien explicité, mais des idées qui germent en permanence dans nos têtes. On pourrait comparer cette agitation, au bouillonnement du vide mis en évidence par la mécanique quantique. Une énergie énorme qui au total, ne produit rien. Sauf le néant, s’il existe. Néant qu’on pourrait traduire aussi par idées noires. Noir, symbole de la mort.

Seul le poète qui laisse à sa plume la bride sur le cou (Mme de Sévigné) ou pratique l’écriture automatique (André Breton), met sur le papier les idées confuses, bizarres, interdites parfois par la raison, qui s’entrechoquent dans son cerveau en produisant des feux d’artifices, explosions de beauté artificielle sans signification propre. Le vrai poète (pourquoi dit-on vrai, y en aurait-il des faux ?) fait appel à l’envers du décor. Il voit le derrière des acteurs et la face des spectateurs. Peu importe la pièce, tout le monde la connaît, seule l’émotion compte. De là nait la surprise, l’originalité. L’humanité.

Le philosophe est tout le contraire du poète. Il est dans la salle et observe la pièce. Il critique, ne rit pas. Il plaque ses idées, son opinion, sur ce qu’il croit voir. Il s’imagine plus intelligent que l’auteur. Et si la pièce est le théâtre du monde, le philosophe n’en voit qu’un coin minuscule du haut de ses prétentions, de ses préjugés (il est au balcon derrière une colonne). Lui pense, les autres agissent. Mal évidemment. Il n’a pour lui que ses idées, autrement-dit rien, le néant. Car il se garde bien de les appliquer pour lui-même (à de rare exceptions près, qui se terminent souvent très mal)

Les grands hommes n’ont qu’une seule et belle idée : leur gloire. Même les saints. Quand nous monterons au paradis, nous les verrons bien rangés, à la droite de Dieu assis sur son nuage porté par les Trônes, ces roues de feu piquetées de mille yeux.

Vous n’avez pas idée du spectacle !