Je m’étonne toujours d’entendre je vous promets au lieu de je vous assure. Tanguy dans le film éponyme, dit à ses parents : « Je vous aime, je vous promets. » Les exemples à la télévision de la mauvaise utilisation du verbe promettre sont légion.
Promettre : s’engager verbalement ou par écrit à faire, dire, donner quelque chose. Promettre une récompense. Laisser espérer pour l’avenir. Familièrement, assurer qu’une chose sera.
Promettre l’amour s’est donc s’engager à en donner. C’est-à-dire plus tard. Tanguy aurait pu dire : je vous assure de mon amour ou plus familièrement, je vous aime et je vous aimerai toujours.
Mais non, maintenant on promet. Pourquoi ce glissement de sens que, semble-t-il, personne ne ressent ? Il est bien plus facile de promettre que d’assurer. Et ne parlons pas d’assumer ! La promesse laisse un doute. Des fiançailles avec le mariage au bout, peut-être. Si tout va bien, si je ne suis pas tué à la guerre ou si je ne rencontre pas mieux. La promesse n’est pas sure.
Est-ce une marque de modernité que de douter ainsi de ce qu’on veut assurer dans le présent, pour le reporter dans l’avenir ? On dit facilement : Je te promets que tout va bien. C’est autre chose que : Tout va bien. Tout simplement. On se dit que ce n’est pas sûr, que ça cache quelque chose. Le je te promets, est faux cul.
La promesse relève des probabilités, comme le risque. N’entend-on pas dire jusqu’à l’écœurement, que le risque zéro n’existe pas ? La promesse dans le domaine des sentiments, réalisée à 100%, n’existe pas non plus.
Faut-il croire que le progrès porte en lui-même, l’assurance d’un avenir meilleur ? Ou que notre intelligence, devenue supérieure à celle de nos aînés, nous permet de douter de tout. Que des complots visent à troubler notre avenir et, que ce qui nous semble certain maintenant, n’est en fait qu’une promesse ? Malgré nous, sans le savoir, le doute s’insinue partout.
Rien n’est sûr comme l’amour dans l’instant. Nous le sentons vibrer dans notre corps, dans les circonvolutions de notre cerveau. Mais il est en effet prudent en la matière, de promettre au lieu d’assurer, car l’amour quoi qu’on dise, n’est pas garanti pour une durée déterminée, comme une machine à laver.
Donc promettons, il en restera toujours quelque chose. Ne serait-ce que du ressentiment.