La guerre en Ukraine nous fait souvenir qu’une guerre mondiale est toujours possible. Et que les forces de dissuasion nucléaires n’empêchent en rien une guerre de conquête conventionnelle d’un grand pays. On peut même dire aujourd’hui que ça la favorise, en mettant l’agresseur à l’abri d’une riposte ou d’une aide directe des alliés, en leur faisant croire qu’une action quelconque en faveur de l’agressé peut déclencher le feu nucléaire. La dissuasion visée est donc inversée.
La situation dans les années 70, du temps de l’URSS, n’était pas du tout la même. Le livre du général sir John Hackett, La troisième guerre mondiale, 4 août/25 août 1985, nous donne une idée très précise de ce qu’aurait pu être un conflit mondial à cette époque, entre l’OTAN et les forces du Pacte de Varsovie. La cause principale de la guerre étant l’impérialisme soviétique inexorable et son entrisme en Afrique, au Moyen Orient, en Asie et jusqu’en Amérique.
Le conflit éclate quand la situation politique en Pologne devient intenable pour le pouvoir central soviétique. La guerre est le remède habituel des dictatures en difficultés intérieures. Après des succès initiaux, sans utilisation d’armes nucléaires tactiques ou stratégiques, l’URSS recule, elle va perdre la guerre. Le Kremlin décide alors d’utiliser la bombe H. Birmingham est vitrifiée. Riposte immédiate, c’est au tour de Minsk d’être rayée de la carte par quatre missiles MSBS.
C’est la fin, les républiques soviétiques et les états satellites de l’URSS se rebellent. L’empire éclate. Curieusement, c’est un Ukrainien infiltré au KGB, qui prend le pouvoir à Moscou. Il négocie le cessez-le-feu puis le traité de paix. L’union soviétique est démembrée, les républiques obtiennent leur indépendance et particulièrement l’Ukraine qui obtient un siège à l’ONU.
Contrairement à ce qu’on pouvait penser dans les années 70, l’URSS ne s’effondrera pas à cause d’une guerre mondiale. Elle s’est dissoute d’elle-même, sa ressource idéologique étant épuisée. Paul-Marie de La Gorce dans la postface du livre, évoque la fragilité des systèmes politiques de l’Est de l’Europe : « On peut récuser les faiblesses de son scénario, [de la troisième guerre mondiale] peu de gens comprendront qu’au premier choc la Biélorussie et l’Ukraine se séparent de la Russie, alors que ces trois pays forment depuis des siècles une même nation, unies par la même histoire – malgré les tentatives de dissidences menées en 1918 ou en 1941par les Allemands auprès des Ukrainiens – ayant résistés aux mêmes périls, traversés les mêmes épreuves, et que ces peuples sont étroitement imbriqués dans la société soviétique. »
« Le monde que décrit le brigadier général Hackett est bien tel qu’il est en réalité : un monde éclaté. De là la multiplication des crises qui le secouent, et qui le secoueront davantage encore à l’avenir. Et de là, peut-être, le seul risque concevable d’une guerre générale, si l’un ou l’autre camp, soudain trop affaibli par ces crises, tentait de rétablir son emprise par la force et déclenchait ainsi l’engrenage irrémédiable. »
Wladimir Poutine pressent-il sa fin prochaine, pour prendre le risque de déclencher l’apocalypse ? Peut-être ce Sardanapale ne le sait-il pas lui-même.