La honte soit sur moi, j’ignorais jusqu’à l’existence du Conseil de l’Europe. Si j’en entendais parler ou lisais quelque part cette mention, je pensais Conseil européen (chefs de gouvernement de l’UE) ou Conseil de l’UE (conseil des ministres de l’UE) ou pire encore, Commission européenne (commissaires de l’exécutif de l’UE). Mais le Conseil de l’Europe existe bel et bien ! Nous venons d’en avoir la preuve avec cette campagne pour La liberté dans le hijab (Beauty is in diversity as freedom is in hijab). Pour une institution qui se donne pour mission principale de défendre les droits de l’homme, c’est une dérive peu banale que de faire la promotion du hijab et de piétiner ainsi les droits des femmes qui se battent pour l’enlever.
Le Conseil de l’Europe est né en 1949, par le traité de Londres, de la volonté générale d’éviter de nouveaux massacres, de nouvelles horreurs. Comme après toutes les grandes guerres, on crée des organismes censés éviter la prochaine : Conférence internationale pour la paix, après la guerre de 70 ; Sociétés des Nations (SDN) après celle de 14-18 ; ONU (Organisation des Nations Unies) en 1945. L’Europe, qui a beaucoup à se reprocher en matière de conflits, a tenu à se doter d’une organisation particulière, le Conseil de l’Europe qui regroupe 47 pays, dont la Turquie et la Russie. L’Amérique et l’Asie ont fait de même.
Les bonnes volontés se déchaînent, les organisations mondiales se multiplient : UNESCO (science et culture), UNICEF (enfance), OMC (commerce), UNHCR (réfugiés), OCDE (développement économique), PAM (programme alimentaire), WHO (santé), etc., sans compter les ONG (organisations non gouvernementales). Et pendant ce temps on s’étripe au Moyen orient, en Afrique… on meurt de faim, les réfugiés se multiplient, la démocratie recule jusqu’en Europe. Peut-être les réunions, les rapports, les dénonciations ne sont-ils pas assez efficaces. Il faudra demander aux Tchétchènes.
Conseils, assemblées, comités, secrétariats, cabinets… des milliers de personnes intelligentes et diligentes, s’échinent sur les malheurs du monde. Rendons hommage à leurs résultats, mais ils sont minces au vu des efforts déployés. On peut se demander si c’est la bonne méthode, s’il ne faudrait pas faire l’économie de toute cette gigantesque hypocrisie, parfois perverse, qui n’a jamais évité une guerre. Et qui est sujette à toutes les influences voire à la corruption. Les lobbyistes, dont le rôle est de faire passer un intérêt particulier avant l’intérêt général, font la loi dans cette jungle (c’est ce qu’on appelle la diplomatie du caviar).
Mais ne changeons rien : Bon appétit messieurs ! Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! (Ruy Blas, Victor Hugo).