Adam nous a présenté sa copine Sara à Noël. La jeune femme est charmante, brune, fine, volubile. Italienne. Avec cet air humble et simple qui cache un courage et une volonté sans faille. Elle a une sœur jumelle, Chiara.
Elles sont nées dans un village situé à la frontière française. La famille est pauvre. La république italienne n’est pas aussi généreuse que la royale solidarité française. La garniture de la pizza est souvent faite des restes de la semaine. Comme l’école française est plus proche de leur maison que l’école italienne, leur maman décide qu’elles iront étudier en France (oui c'est possible).
Pour les habituer au français, leur mère les amène aux jardins d’enfants et dans les parcs de l’autre côté de la frontière. Les jumelles jouent avec les gamins de leur âge. Ils s’entendent bien dans le sabir international des bébés.
Les filles entrent au CP. Elles ne comprennent rien de ce qui se dit. Enfin elles saisissent que la maîtresse leur demande de se présenter aux élèves. Elles montent sur l’estrade et, en souriant, se désignent l’une l’autre : Sara, Chiara. En signe de salut elles remuent timidement la main ouverte au niveau de la hanche et s’exclament en coeur : Toboggan !
Un instant, la classe stupéfiée reste silencieuse, puis les gamins s’esclaffent. Toboggan, pourquoi toboggan ? C’est de l’italien ? Les petites filles confuses, regagnent leur place sous le regard incrédule de la maîtresse.
Sara et Chiara à force de fréquenter les squares et les parcs avec les petits Français, les entendant parler avec insistance de toboggans sur le ton de l’invitation, avaient cru que toboggan voulait dire bonjour.
Ainsi se construit l’Europe. Nous croyons comprendre nos voisins mais nous en sommes loin. Buongiorno les amis !