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Demoiselle

Demoiselle

Le 12/12/2022

Demoiselle

Bras dessus, bras dessous, nous marchons allègrement au rythme de nos presque 80 ans quand une gamine nous rattrape. Nous nous saluons comme il est de coutume à la campagne. L’enfant au lieu de poursuivre à son allure, règle son pas sur le nôtre. Nous cheminons ensemble. Elle est jolie, le teint mat, les joues rosies par le grand air. Élégante (à la mode de son âge), elle porte un sac à dos pas trop lourd et montre son nombril malgré la température automnale.

 Mon épouse, experte en conversation impromptue (elle arrêterait le cours du soleil si elle pouvait lui parler), l’interroge doucement. Elle est en sixième, sort d’un cours d’histoire géo qu’elle a passé dans la vallée du Nevent à construire des cabanes. Elle rentre chez elle en espérant que son père sera déjà là. Sa maman travaille et rentrera plus tard. Souvenirs, nous aussi nous n’aimions pas rentrer à la maison et la trouver vide. Avec une inquiétude légère, un manque de baisers, le front contre la vitre froide on attendait que le foyer revive.

L’enfant nous comprend. Elle est pareille. Bientôt elle nous quitte. Elle habite ici. On ne lui a pas dit : « Au revoir Mademoiselle. » c’est interdit. Mademoiselle est une désignation discriminante. La remplacer par Madame serait ridicule peut-être mais pourquoi pas. On dit bien Monsieur à un jeune garçon qui ne mérite pas toujours autant d’emphase. Mais Madame ne va pas non plus car : Le genre n’est pas nécessairement un caractère déterminant de l’identité et on ne peut pas en présumer  en se fondant simplement sur l’apparence d’une personne (Rokhaya Diallo).

Pauvre fille, dans peu d’années quand sa féminité explosera, aspirera-t-elle à vivre en dehors des étiquettes genrées (idem) ? La beauté, la légèreté, l’esprit portés par ses ailes de Demoiselle devront-ils (le masculin s’impose encore car l’esprit l’emporte sur la beauté et la légèreté) se priver d’étiquette pour ne pas participer à l’affrontement délicieux des sexes ? Certes, il ne faut pas revenir au Moyen âge où les nobles Dames attachaient leur voile à la lance du chevalier allant jouter pour elles, ce serait déchoir. Les femmes aujourd’hui, tiennent aussi bien la lance que les hommes.