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accident mortel

La dame blanchea

La dame blanche

Le 27/07/2025

La Dame blanche

Les témoignages abondent. Vous pouvez la voir surtout les soirs de brume, à l’orée des bois, sur les routes désertes, aux rivages des eaux sombres, sur les ponts gagnés par le brouillard glacé qui monte d’une rivière. Forme blanche indistincte d’abord, elle se précise, élancée dans sa longue robe blanche. Elle esquisse un geste comme si elle voulait suggérer quelque chose, indiquer un danger, peut-être barrer le chemin si un malheur vous attend là où vous allez.

On ne sait si elle est bienveillante ou perverse. Souvent elle annonce la mort, émissaire blanc d’un crime de sang, d’un accident terrible. Un témoin l’a vue apparaître  sur le pont de Plougastel un soir tempétueux. Le lendemain on trouvait sur la grève le cadavre désarticulé d’un homme qui se serait jeté du haut du pont. Le témoin encore imbibé d’alcool lors de sa déposition aux gendarmes, n’était peut-être pas digne de foi.

Dans la cour d’une ferme au Zorn, le soir de la veillée de Noël, une épaisse brume venant de la mer estompe les bâtiments et le puits. Une étrange lueur qui flotte sur l’aire de battage intrigue le paysan. Il sort. La lueur se précise. C’est une femme en robe blanche. Elle regarde fixement dans la direction du tracteur, à l’abri dans le hangar où sont rangés les instruments aratoires. La femme du paysan sur le pas de la porte du logis hurle à son mari de rentrer. La vision disparait. Dans la cheminée, le feu s’est éteint brusquement. La veillée est écourtée, tout le monde va se coucher. Personne ne dormira. Quelques jours plus tard, le fils des fermiers, âgé de quatorze ans conduit le tracteur, il met une roue dans un fossé. Le tracteur verse. L’enfant meurt écrasé.

Et les témoignages datent de longtemps. Sur le champ de bataille d’Eylau, au lendemain soir du massacre, les cadavres de chevaux et les morts, couverts de neige, bossuent la plaine à perte de vue. Une Dame blanche semble errer parmi les corps comme si elle cherchait quelqu’un. Elle disparaît enfin dans le cimetière où eurent lieu de terribles combats. Des petits trous dans la neige témoignent des larmes qu’elle aurait versées.

Ou encore sur le môle du port de Concarneau, la Dame blanche, échevelée malgré l’absence de vent, les bras en croix, semble vouloir dissuader les pêcheurs de thons d’appareiller. Les dundees partiront tout même. Deux-cent-sept pêcheurs périront dans la tempête horrible qu’ils subiront en novembre 1930 dans le golfe de Gascogne.

Fantôme, la Dame blanche l’est assurément. Mais pourquoi cette femme à la robe blanche et aux longs cheveux de lin s’intéresse-t-elle à la mort, sans jamais pouvoir l’éviter. Cassandre fantomatique, esprit condamné pour un crime inexpiable ou bonne volonté d’un ectoplasme maladroit et impuissant, la Dame blanche compagne de la mort, se contente de  terroriser les vivants.

Je suggèrerais à cette bonne dame de se rapprocher de la Prévention routière. Une présence opportune pourrait suggérer aux conducteurs imprudents, alcoolisés ou survoltés, une prudence plus efficace que la peur du gendarme. Ou alors, plus simple, un panneau figurant la Dame blanche pourrait s’allumer automatiquement à la détection d’un fou du volant dans ses œuvres (privilégier les sorties de boîtes de nuit). Un hologramme serait encore mieux.