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années cinquante

Ecusson dcan brest

L'apprentissage des lions, arpète à l'arsenal de Brest

Le 27/11/2025

Extrait du livre : “L’apprentissage des lions, arpète à l’arsenal de Brest”

Illustration : écusson des apprentis de la DCAN de Brest dans les années cinquante, en bas à droite insigne des élèves de l'Ecole Technique Supérieure de la marine (ETS)

Retour à l’atelier. La scie à métaux cette fois. La lame montée à l’envers (du côté qui n’a pas de dents) nous faisons mine de scier pour parfaire la position. Et on scie, on scie sans scier pendant des heures. Et le marteau encore, avec un burin au tranchant arrondi. Et on tape et on tape jusqu’à l’épuisement. Bing, bang en cadence, comme des galériens. Les lunettes de protection en plastique sont obligatoires. La sueur provoque de la buée sur mes lunettes de vue, je ne vois rien. Je m’en plains. Rien à faire, interdit de les enlever bien que le risque de projections est nul.

Nous passons à la lime. Je n’en avais jamais vu de si grande. Un tiers-point de 350 taille batarde, ça pèse dans la main. Le moniteur nous donne un morceau de fer, de l’acier doux paraît-il, rouillé, encore couvert de calamine par endroits, pour en tirer le parallélépipède qui se cache dedans, avec des surépaisseurs de 2 mm et plus.

L’apprentissage de la lime est encore plus fatigant que celui du marteau. Il faut allier force et précision. Et une attention sans relâche car un coup de travers peut compromettre irrémédiablement la surface finale. Les traits croisés, c’est expliqué en deux minutes et il faudra des mois pour maîtriser la technique parfaitement. Les moniteurs ne sont pas bavards, contrairement aux profs du collège technique qui discourent pendant des heures, ici on vous met l’outil en main et vas-y. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Et réaliser un plan avec une lime énorme paraît presque impossible au début. On fait du rond, des tombées de lime. Puis c’est mieux, enfin c’est presque bien. Mais le plus dur reste la quantité de métal à enlever : 2 mm ou plus, quatre heures d’efforts continus à répéter le même geste (avec un quart d’heures de récréation). La paume de la main droite n’y résiste pas. Une énorme ampoule se forme, gonfle, crève, bave du sang et de la lymphe. J’enroule un mouchoir autour de ma main pour continuer à limer. Pas question d’arrêter ni de se faire soigner et encore moins d’abandonner.