<!-- Google tag (gtag.js) --> <script async src="https://www.googletagmanager.com/gtag/js?id=G-RV5MDRFCJP"></script> <script> window.dataLayer = window.dataLayer || []; function gtag(){dataLayer.push(arguments);} gtag('js', new Date()); gtag('config', 'G-RV5MDRFCJP'); </script>

 

dictionnaire

Littre modifie 2

Mais pas que

Le 09/08/2020

        Au lieu de dire : « Mais pas seulement » on entend fréquemment sortir de bouches illustres, à la télévision et même à l’académie (Michel Serres) : « Mais pas que ». Pourquoi ? La langue bouge pour parler, «mais pas que ». Elle naît dans la rue, prospère dans les médias et finit dans des « petits » dictionnaires qui feraient sauter le couvercle du cercueil d’Émile Littré, ressuscité de colère en entendant une expression aussi grotesque.

        Pour qu’un discours intéresse, il lui faut surprendre, faire dresser l’oreille, réveiller l’auditeur qui sommeille. Pour cela rien de mieux qu’un mot nouveau, une expression insolite, un mot d’argot glissé dans une arabesque littéraire, une grossièreté inattendue. Les hommes politiques en sont friands.

        On se souvient du « Casse-toi pov’ con » de Sarkozy, de l’abracadabrantesque de Chirac, des néologismes anglicisants de Macron mais, en « même temps », ces parleurs de haut vol (ou leurs communicants) calculent leurs effets. Sauf en cas d’improvisation où ils sont obligés, pour ne pas dire de bêtise, de parler très lentement ce qui accentue les liaisons, les faisant paraître alors incongrues. Cependant le vulgaire « mais pas que », il faut l’oser.

        Mais c’est l’expression « qui va bien », qui « percute ». Le téléspectateur « il est content ». Sur l’écran, le premier de la classe, « qui est souvent une première » s’exprime comme lui. « J’ai envie de dire », dit-il, et il dit, ce que tout le monde a déjà lu et entendu, avant de l’entendre et de le voir une nouvelle fois, « de visu ». Les concurrents des médias ont « tout fait pour » grâce à l’information spatio-temporelle qui nous accable.

        N’oublions pas les apéros, c’est souvent là qu’on entend les propos les plus intelligents car, l’alcool aidant, (pas à l’élocution bien sûr) les inhibitions disparaissent, les interdits entre « potes » n’ont plus cours. Et on peut toujours ajouter, après une tirade affreusement raciste ou misogyne : « Je dis ça, je dis rien » ou en cas de réaction défavorable : « Je déconne ! » La forme doit être convenue, normalisée en quelque sorte par les humoristes à la mode. Le plus doué en fera un sketch où tout le monde se reconnaîtra. Et s’il conclut par « mais pas que… » chacun saura de quoi il parle. « Toute honte bue ».