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Dieu

Ruban de mobius

De l'infini

Le 16/02/2023

De l’infini

L’infini n’existe pas dans la nature (tout au plus peut-on parler de singularité dans les équations d’Einstein quand il arrive à une solution infinie qu’il sait bien irrecevable). Le signe représentant l’infini en mathématiques est un huit couché () qu’on peut assimiler à l’anneau de Möbius, surface à une dimension qui n’a qu’un seul bord. L’infini marque l’échec de la connaissance, que ce soit dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit. Il est pourtant bien pratique en mathématiques.

Et pourtant l’infini est partout. En Dieu bien sûr, infiniment bon, infiniment aimable… Dans la durée perçue, infiniment démesurée dans la souffrance, fugace dans le bonheur. Quant à la mort, on pourrait dire que c’est l’asymptote de la vie, repoussée à l’infini puisque personne ne vit sa mort (sauf ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente).

L’univers ne peut être infiniment grand puisque rien ne l’est dans le monde matériel. L’univers observable est borné par l’expansion, quand celle-ci atteint la vitesse de la lumière aucune information ne peut plus nous parvenir. Cependant il n’y a pas de raison pour qu’il ne s’étende pas plus loin. On en restera aux spéculations sur sa taille, à moins d’un progrès décisif sur sa nature globale. Un univers fermé par exemple, qui se replie sur lui-même à l’image de l’anneau de Möbius mais on échoue encore à mesurer sa courbure, si elle existe.

Nous butons également sur l’infiniment petit. Les atomes mesurent un dixième de milliardième de mètre (10-10m). Leur noyau constitué de neutrons et de protons, est dix mille fois plus petit (10-14 m). Ceux-ci encore dix fois plus petits, sont constitués de quarks au moins mille fois plus petit que les protons (10-18 m) mais leur taille est hypothétique, de même que celle des électrons. Il se pourrait que quark et électrons soient ponctuels. La physique quantique est si étrange que quelque chose qui n’existe pas (le point matériel) pourrait bien exister quand même (comme le chat de Schrödinger mort et vivant à la fois). Nous voilà ramenés à l’infini mystérieux encore hors de portée de nos mesures, limitées actuellement au niveau du milliardième de milliardième de mètre.

Pourquoi l’infini nous préoccupe-t-il tellement (je parle pour moi) ? Parce qu’il est en nous. Non que l’intelligence soit infinie, elle a ses limites mais sa production, les idées, n’ont pas de limite. Dieu est né ainsi. « Le Dieu de la nature est le Dieu des Français » dit une chanson révolutionnaire à la gloire de l’Être suprême, régression des idées divines proche de l’animisme primitif. Infini de l’âme éternelle.

En fin de compte l’infini existe parce que nous pouvons le concevoir, tout comme bien des choses qui n’existent pas, les licornes ou la paix dans le monde.

Lemaitre

Laïcité

Le 07/11/2020

La Constitution de la République française indique dans son préambule : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et à la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789… ». Que dit cette déclaration vis-à-vis de la liberté d’opinion et d’expression ?

« Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.

Article 11 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas définis par la loi. »

La loi ! Tout est dit. Si c’est la loi des hommes, malgré ses imperfections, on peut y souscrire, mais si c’est la loi de Dieu ? Si on y croit, elle est au-dessus de tout. Il y a donc contradiction manifeste entre respecter une religion et respecter la loi républicaine, puisque par essence, la religion est au-dessus des lois humaines. L’Islam résout la contradiction en incluant la loi dans la religion. Problème, on ne peut plus changer la loi.

En France les différents régimes ont essayé de s’accommoder de cette aporie. Les rois, par le droit divin. Ils tiennent leur autorité de Dieu, donc ils font ce qui leur plaît. Mais les Lumières s’interrogent. Voltaire dans le Dictionnaire philosophique, sur la liberté de penser dit : « Si les premiers chrétiens n’avaient pas eu la liberté de penser, n’est-il pas vrai qu’il n’y eût point de christianisme ? » Sur la tolérance : « Un roseau couché par le vent dans la fange, dira-t-il au roseau voisin couché dans un sens contraire : – Rampe à ma façon, misérable, ou je présenterai requête pour qu’on t’arrache et qu’on te brûle ? » Et sur la loi : « Il n’y a aucun bon code dans aucun pays. La raison en est évidente ; les lois ont été faites à mesure, selon les temps, les lieux, les besoins, etc. Quand les besoins ont changé, les lois qui sont demeurées sont devenues ridicules. »

La Révolution, qui a décapité le Roi, truchement de Dieu, se dote d’un Être suprême tout à sa botte (Hymne à l’Être suprême de 1792) :

« Il flétrissait les fleurs du jardin de la vie

Ce sophiste orgueilleux dont la doctrine impie

Comme un jeu de hasard regardant l’univers

Nous présente les cieux déserts (bis)

Le peuple a rejeté ce désolant système ;

Il porte ses pensées vers un être suprême ;

Il proclame ce jour, il chante ses bienfaits :

Le Dieu de la Nature est le Dieu des Français »

 Sans aller jusqu’à supprimer Dieu par décret, comme le voulait le peintre Courbet pendant la Commune de Paris, la République laïque a cru divorcer de Dieu par la loi. « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses », on sent bien que le législateur redoutait des difficultés d’application.

Tant qu’on n’aura pas reconnu une fois pour toutes, que Dieu n’est pas du domaine public – c’est la laïcité – les religions poseront toujours de graves problèmes. Elles sont envahissantes par nature. Les croyants devraient suivre Jésus quand il dit : « Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Ce qui signifie, peu m’importe la politique, mon Royaume n’est pas de ce monde. Et la croyance n’est pas obligatoire, comme la vaccination.

Certains grands scientifiques ont réussi le pari, de séparer leur foi du monde réel. L’abbé Georges Lemaître, l’inventeur du Big bang, en est un bon exemple.