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effet de serre

Ankou 6

Quand la vie tue la vie

Le 04/06/2019

        Il faut sauver la planète ! Ce slogan d’ado qui n’a pas bien assimilé le programme de SVT de troisième, pourrait être avantageusement remplacé par : Il faut sauver l’humanité. Problème, c’est l’humanité elle-même qui se détruit. Peut-on demander au scorpion de ne pas piquer ? Quand le Titanic sombre, ce n’est pas l’orchestre qui continue à jouer courageusement qui va le sauver.

        Notre planète est-elle un être vivant ? C’est une opinion répandue et comme toutes les opinions, elle n’est pas fondée scientifiquement. Elle ne possède aucune caractéristique de la vie : reproduction, croissance, métabolisme. On pourrait dire que la terre a une fille, la lune, résultat de son accouplement avec la planète Théia. Mais la lune ne vit pas. La terre a donné naissance à la vie et, si nous ne nous suicidons pas préalablement, elle nous tuera dans moins d’un milliard d’années. En aucun cas nous n’avons le pouvoir de tuer la planète.

         La vie serait née il y a 3,43 milliards d’années. Les stromatolites fossiles, vestiges de communautés microbiennes en sont les plus anciennes traces. Personne ne sait encore comment Luca (Last Universal Common Ancestor) est né, cependant nous savons que l’empreinte génétique de ce premier organisme se retrouve dans toutes les formes de vie. Un milliard d’années plus tard, le vivant en inventant la photosynthèse a déjà modifié radicalement l’atmosphère. Les cyanobactéries vont fabriquer de la matière organique à partir du gaz carbonique (CO2) et de l’eau. En produisant de l’oxygène en quantité considérable, un gaz toxique pour la plupart des êtres vivants de l’époque. Consommé par les bactéries, le CO2 finit par se raréfier, l’effet de serre qu’il procure disparaît et la planète se couvre entièrement de glace pendant des millions d’années, 85 % des espèces vivantes disparaissent. Le Titanic coule une première fois.

         La vie va essuyer bien des naufrages. Une centaine de millions d’années plus tard, nouvelles hécatombes. On soupçonne que le sabotage vient de la vie elle-même encore une fois. Les plantes en émiettant le substrat rocheux lessivé par les pluies, auraient embourbé la mer et favorisé l’explosion du plancton qui aurait pompé l’oxygène de l’eau, tuant les formes de vies marines évoluées.

         Il faut être juste, les causes des dernières extinctions massives ne sont pas endogènes. Le volcanisme massif des trapps de Sibérie aurait recouvert une surface égale à plusieurs fois la France d’une couche de lave et de cendres de plusieurs kilomètres d’épaisseur occasionnant un puissant effet de serre (la combustion d’énormes quantités de charbon et de gypse y aurait contribué). L’atmosphère et la mer surchargées en CO2 et en gaz toxiques, tuent 95% des espèces animales. Les dernières extinctions massives sont dues à la chute d’astéroïdes. Le dernier, de 10 Km de diamètre, aurait libéré une énergie de 5 milliards de fois la bombe d’Hiroshima. Heureusement, nous n’avons pas encore d’arme de ce calibre (même en puissances cumulées).

         La vie dévore la vie. Les virus tuent leur hôte. Les plantes invasives éliminent leurs concurrentes et asphyxient les commensaux. Les dominants suppriment les dominés, avant de disparaître eux-mêmes. Chaque espèce vivante fonce les yeux fermés, vers la domination universelle, qui signera sa fin. Certes il existe des cas de symbiose, d’espèces qui sont obligées de vivre ensemble. On sera ému en regardant Némo le poisson clown qui s’égare loin de son anémone urticante et protectrice. Quant à l’homme, il a bien du mal à supporter ses congénères toujours plus nombreux. La croissance exponentielle de l’humanité devra bien s’arrêter un jour. Si la vie s’en charge, ce sera terrifiant.