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Le dernier coup de telephone modifie 1

Le téléphone pleure

Le 05/01/2021

J’ai horreur du téléphone. Pourquoi donc ? Ça remonte à loin. Je devais bien avoir 20 ans quand j’ai téléphoné la première fois. Ce fut un échec car je tenais le combiné à l’envers. Je parlais dans l’écouteur et écoutais côté microphone. La honte m’en est restée. Le combiné combine, comme son nom l’indique, le récepteur et l’émetteur dans une espèce de poignée très pratique en bakélite (polymère synthétique du benzène), noire à l’origine, relié par un fil en tortillon qui permet de s’écarter à une distance variable du support relié au réseau. Ce combiné permettait de raccrocher tout en nuances. Brutalement si on est en colère (l’appareil est très solide), délicatement pour une conversation confidentielle, avec désinvolture voire avec négligence si l’interlocuteur nous ennuie.

Malheureusement, le téléphone était un outil indispensable pour mon métier. J’ai toujours préféré aller voir les gens plutôt que de leur téléphoner. Mais c’était rarement possible. Dans les années 70, il fallait parfois attendre des heures pour avoir une communication entre Toulon et Paris. Attente détestable. Autant dire qu’une fois la liaison établie, il n’était pas question de parler de la pluie et du beau temps.

Et le téléphone est synonyme de mauvaises nouvelles. Avec l’âge, j’en ai reçu quelques-unes, si bien que je ne peux plus entendre une sonnerie sans sursauter. Ce n’est pas la faute de cette machine si elle génère de l’angoisse. Autrefois les catastrophes familiales arrivaient par télégramme. À la mine du facteur qui vous remettait le papier bleu plié, on pouvait se préparer au pire. Le téléphone vous frappe directement à l’estomac.

Je n’aime pas le téléphone. Professionnellement, il suffisait par politesse, de s’enquérir de la santé de votre correspondant avant d’aborder le sujet principal. Une conversation de 10 minutes, c’était déjà très long. Aujourd’hui avec les communications illimitées, vous passez pour un goujat si vous n’avez pas fait le tour de l’actualité, commenté la météo, raconté les dernières blagues d’Internet, disserté sur la déforestation de l’Amazonie ou échangé sur les derniers scandales des pipoles, avant de demander si tonton peut venir avec son masque. Une heure ça dure, parfois plus. Le cerveau est passé aux micro-ondes, presque inoffensives, du bla-bla-bla.

Il faut reconnaître que nos téléphones mobiles sont des objets extraordinaires. Beaux déjà, ils contiennent un annuaire téléphonique, une encyclopédie, une calculatrice, une horloge, un télégraphe, un appareil photo, une galerie d’art, une boutique de Géo-Trouvetout, des jeux addictifs, un magnétophone, un vidéophone, etc. et un téléphone presque normal. À condition de savoir s’en servir, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Et quel progrès en 50 ans ! Notre téléphone est 1200 fois plus rapide, a 220 fois plus de mémoire morte et 500 fois plus de mémoire vive, que l’ordinateur de bord d’Apollo 11 (qui pesait 40 kg). Le grand pas qu’Armstrong fit sur la lune, paraîtra bien modeste quand on fera le premier selfie avec un Martien.

L’avantage de ce téléphone, c’est qu’au lieu de se parler, souvent on s’écrit. Par exemple il est plus facile taper : « Je te quitte » que de le dire. La réponse écrite sera différée, plus réfléchie, sans être moins douloureuse. Et si le nouvel ex. appelle, il tombera dans une boîte vocale sans fond.

Souvent le téléphone pleure, comme chantait Claude François.