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Blog

Si vous partez en vacances ne lisez pas ceci

Le désastre du tourisme de masse

Le 17/09/2018

    Il faut sauver la planète disent-ils. Et les voilà partis à des milliers de kilomètres de chez eux pour visiter ce qu’ils ont vu à la télé des dizaines de fois. Certes, ce n’est pareil de voir en vrai ce qu’on a entrevu sur l’écran à cristaux liquides. On a l’odeur en plus et le sentiment du réel, parfois poignant il est vrai. Et on partage (mot clé des touristes) avec les indigènes toujours souriants, aimables et communicatifs : What is your name ? Were do you come from ? Les pauvres sont gentils en général.

     On dit, j’ai fait la Grèce, moi j’ai fait Bali, les Caraïbes, l’Iran, la côte ouest (pas de la Bretagne, des États-Unis of course), l’Algérie (t’as pas eu peur ?), l’Inde (la misère, incroyable !), les îles (y en a partout)… Les fous furieux du voyage vous assomment de descriptions de sites extraordinaires et principalement d’aéroports où ils ont passé des heures, voire des jours entiers, à attendre un avion pour rentrer à la maison.

     Partons, loin, dépaysement garanti : air climatisé, piscine fraîche, cocktails de ouf, lits de 160 ou plus. Ça me rappelle un menu de restaurant du Kerala (Inde) qui mentionnait du ‟poulet comme à la maison” (en français, mar plij). Quel dépaysement ! Chaleur, moustiques, serpents et crocodiles à la demande mais on n’est pas obligé. Le must c’est la croisière. L’hôtel sur la mer. Trois mille amis qui naviguent ensemble, qui mangent, boivent (forfait bar illimité), dansent et jouent toutes les nuits et sont trop fatigués au matin pour aller en excursion. Que du bonheur on dit, quand on rentre enfin chez soi pour se refaire une santé.

     Nous sauverons la planète tranquillement chez nous. Nos ordures nous les avons laissées sur un îlot en Thaïlande (à Koh Poubelle ou quelque chose comme ça) où le plastique glisse doucement dans l’océan. On leur a pourtant bien recommandé de ne pas jeter les pailles des boissons à la mer. D’ailleurs nous nous en occupons sérieusement et aussi des coton-tige, ils seront bientôt interdits. Et en mer nous respirons le bon air : un peu chargé de particules fines (un seul gros paquebot en émet plus qu’un millions de voitures) et 30 de ces navires produisent autant de gaz à effet de serre que la Grande-Bretagne toute entière. Les Inuits pleurent sur leurs glaces polluées par les touristes toujours plus nombreux. Qu’ils se rassurent, il n’y aura bientôt plus de glace et ils ne viendront plus. Alors prenons l’avion, il n’est guère plus polluant qu’une voiture (en passager/km) mais si vous allez à New-York vous consommez la totalité de votre budget carbone pour l’année, en une seule fois (et pareil au retour). Il vaudrait mieux y aller en voilier.

     Alors n’allons pas trop loin, à Compostelle à pied par exemple si on ne craint pas les punaises de lit, ou à Venise où l’on versera une larme en patientant une heure pour franchir le pont des soupirs, ou à Barcelone dans la foule compacte, le nez en l’air pour apercevoir la Sagrada Familia, qu’on renoncera à visiter faute de temps. Restons en France. L’île de Ré c’est bien, si vous ne craignez pas la corrida des vélos électriques débridés. La montagne ça vous gagne ? Lançons-nous dans l’ascension du Mont Blanc. Avec un peu de chance nous ne ferons pas partie des 5 à 7 morts annuels, parmi les 2 000 touristes qui tentent d’atteindre le sommet (moins de la moitié y parvient, même avec un guide). Heureusement, contrairement à ce qui se passe pour l’Everest, les cadavres sont tous récupérés.

     Quelle tarentule pique les gens, pour qu’ils se ruent en masse chaque été à l’autre bout du monde ? Je crois que, comme Jules César ils veulent pouvoir dire : je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. Je suis venu (dire le nombre de Km et la destination exotique), j’ai vu (citer les sites et monuments vus, que tout le monde connaît mais n’a pas encore visités), j’ai vaincu (l’angoisse du départ, du voyage, de l’inconnu, de la maladie, des accidents, des voleurs, des taxes, etc.). On pourrait ajouter, j’ai pollué l’eau, la terre et le ciel, exaspéré les habitants (qui ne trouvent plus à se loger), piétiné des sites archéologiques… La solution pour éviter le désastre ? La téléportation quantique, mais elle ne fonctionne encore que pour les particules intriquées. Alors partons seul ou à deux, sans argent, avec un vélo et un sac à dos. Nous aurons le temps de regarder autour de nous et de parler anglais. Et ça nous fera de jolis mollets.

     Adieu calme et sérénité, douceur du farniente, lecture, paresse crapuleuse, contemplation des beautés familières, je pars en vacances ! Avec une pensée pour ceux qui ne peuvent pas partir et qui n’habitent pas comme moi dans une région superbe et fraîche, qu’il me tarde déjà de retrouver.

Les Correspondances unissent l'hommes à la nature

Mystérieuses correspondances

Le 04/09/2018

    

     L’univers est une fleur et la fleur est dans la main de Bouddha. Tout est dit. Celui qui a compris suivra la Grande Règle. Correspondances et interactions unissent indissolublement l’homme à la nature et le physique au moral.

    Les éléments, l’eau, le feu, le bois, le métal et la terre, joueront sur les activités humaines leur musique céleste et les végétaux, les animaux, les hommes, sentiront le poids des correspondances sur leur existence. L’harmonie, le discernement, la prudence et enfin la sainteté sortiront du cœur de la fleur. Ainsi les générations passeront sans que change l’ordre du monde.

     Mais nous, nous voulons changer le monde ! Il ne subsiste des antiques correspondances que des idées anthropocentristes à la mesure d’une société qui craint plus que tout de mourir. Une société d’esclaves qui ne songent qu’à survivre, à n’importe quel prix. Une société qui ne rêve que d’un monde meilleur, où le lion mangerait de la salade.

     À qui sait les voir, les correspondances sont partout, bénéfiques ou néfastes. Mais les hérauts d’aujourd’hui ont perdu de vue la nature de la Nature. Ils croient pouvoir la maîtriser, la comprendre, des particules élémentaires aux quasars. Ils veulent sauver la planète, pour ne pas dire se sauver eux-mêmes. Ils veulent ignorer que la nature est infiniment complexe, mal conformée, violente, sauvage, sans pitié, qu’elle peut dans un hoquet, éliminer l’homo sapiens et ses misérables déjections, le transformer en fossile.

     Plus on sait, plus on désire et moins on est heureux. Reste à vivre, obligatoirement et c’est dommage ! La vie sans la vie serait si pure, si belle, sans souffrances. Peut-être est-ce le paradis ?

                                                              Extrait de « L’ombre du désir » de Gilbert Siou éditions Itinéraires

Comment passer des Personnels aux ressources humaines

Du personnel aux ressources humaines

Le 20/08/2018

     Image du film Métropolis de Fritz Lang (1927) 

     Depuis les années 80 le terme ressources humaines s’est généralisé. Directeur des ressources humaines, Chef des ressources humaines, gestion des ressources humaines.  Dans l’industrie puis dans l’administration, ce changement de désignation des Chefs du personnel a fait florès. Ça m’avait beaucoup choqué à l’époque. Pourquoi les ouvriers et les employés sont-ils passés du rang de personne à celui de ressource ? On emploie une personne, on exploite une ressource.

     Bien sûr, les humanistes qui dirigent nos administrations et grandes entreprises n’ont pas voulu réduire les employés à du matériel inerte. Bien au contraire, en même temps se développaient les techniques japonaises d’amélioration de la qualité, de la productivité et de la réduction des coûts, qui font largement participer les opérateurs (analyse de la valeur, cercles de qualité par exemple). Après l’organisation scientifique du travail d’inspiration taylorienne, qui n’avait pour but que de produire plus à moindre coût (les cadences infernales), vint l’organisation concertée visant à maîtriser la qualité, tout en améliorant les conditions de travail, l’hygiène et la sécurité. Tout cela en emportant l’adhésion des personnels aux nouvelles méthodes (motivation). La réduction des coûts en découlant dans le meilleur des cas, à la satisfaction générale.

     Pourquoi alors le Personnel est-il devenu Ressources humaines ? L’expression est probablement issue du vocabulaire de la planification industrielle PERT (Program Evaluation and Review Technic inventée par les Américains pour la réalisation de leur programme de missiles stratégiques Polaris en 1958), où l’homme est considéré comme un moyen, une ressource, pour la réalisation d’une tâche, au même titre que les matières, machines, logiciels, etc. L’homme était entré dans l’ordinateur. Il n’en sortira plus.

     Mais on ne peut mettre une personne en entier dans un calculateur, fût-il doté d’intelligence artificielle. Un ordinateur calcule, il ne peut comprendre. Le sens des informations lui échappe. Pour le PERT une tâche a besoin de tant de bonhommes, c’est tout (les poilus de la guerre de 14 se nommaient ainsi, c’est dire si leur vie individuelle comptait peu, c'était de la chair à canon !). Les DRH gèrent des personnes entières, avec leurs caractères propres. Les 80 kilos de Marie n’ont rien à voir avec les 80 kg de Lucien et encore moins avec 80 kg de poulets morts pendus par les pattes. Les Nazis parlaient de matériel humain, ressources humaines c'est pareil.

      Il est donc inadmissible de traiter les gens comme des ressources. On aurait pu croire que l’Administration ne serait pas entrée dans ce système. La gestion bienveillante des personnels qui existait dans les bureaux, il y a peu encore, a volé en éclat. Les ressources humaines ne sont plus traitées avec humanité ! La technocratie a pris le pouvoir, c’est l’expert qui décide. Ses décisions sont incontestables puisqu’elles sont justifiées par des chiffres. On oublie juste de compter les arrêts maladie, les dépressions et les suicides. Et le service public qui se délite. Le plus terrible serait de confier le gouvernement de la France aux technocrates… Avec Emmanuel Macron c’est fait.

Roc volant apperçu de la Côte sauvage de Landunvez

Roc volant

Le 22/07/2018

     En visionnant mes photos prises sur la côte sauvage entre Trémazan et Portsall (commune de Landunvez), non loin de la chapelle de saint Samson, j’ai eu la surprise de découvrir une image étrange. Un rocher semble flotter dans le ciel ! Quand j’ai pris la photo, des petits bateaux jouaient au premier plan, leurs voiles de couleurs vives avaient attiré mon attention. Je n’avais rien remarqué de spécial dans le ciel. Mais là, sur l’écran de l’ordinateur, il n’y a pas de doute, un roc navigue dans l’azur.

     Je pense d’abord, en rationaliste impénitent à une aberration optique de l’appareil photographique. Impossible, d’autres objets de second plan se seraient également retrouvés dans le ciel. Peut-être un mirage ? Pourquoi pas, mais malgré le beau temps, la température est fraîche et on ne perçoit aucune vibration de l’air au-dessus de la mer. Alors qu’est-ce ?

     J’étais là, assis dans l’herbe profonde, environné par la multitude des ombellifères qui blanchissent le rivage. Des dos de granit percent par endroit, ponctués de minuscules touffes de lichen vert tendre et de dentelle d’or. Le chaos de roches noires, à peine frangé d’écume éclatante, plonge dans une mer calme d’un bleu profond. Au loin on aperçoit Ouessant qui se dilue doucement dans la brume. La carcasse brisée de l’Amoco Cadiz, gît là dans les profondeurs, invisible, son venin gluant de bête morte, épuisé maintenant sans doute, ne se répandra plus, mais l’épave témoignera longtemps encore de la catastrophe. Alangui par le calme et la beauté, je ne voyais pas plus le roc volant que le pétrolier tueur.

     Pourquoi s’étonner d’un rocher dans les airs ? Nos ancêtres voyaient bien arriver en Armorique les saints bretons voguant dans des auges de pierre. Pour faire la traversée Pol s’était embarqué sur un navire marchand. Une tempête survint, le navire menaçait de sombrer. Le capitaine pour l’alléger, fit jeter à la mer l’auge de granit qui servait de lit à Pol et dans laquelle il priait. L’auge fendit les flots comme une barque légère et Pol gagna la terre pendant que le navire sombrait avec sa bénédiction. Budoc naquit dans le tonneau dans lequel son père avait enfermé sa mère Azénor et qu’il avait jeté à la mer pour la punir de son infidélité supposée. Le tonneau aborda sans encombre en Irlande. Budoc, revint en Armorique dans une auge de pierre, plus confortable qu’un tonneau. Gildas aussi traverse la manche dans une auge de pierre, Konogan également et bien d’autres.

     La légende est tenace, elle doit bien avoir une part de vérité. Les curraghs, petits bateaux bordés en cuir dont se servaient les émigrants pour traverser la Manche, étaient lestés avec des pierres. L’une d’elle, plus grande que les autres, était creusée d’une cavité où venait se loger le pied du mât. Le curragh abandonné sur la grève était rapidement détruit par les éléments. Restaient les pierres, et particulièrement, celle de pied de mât qui ressemblait vaguement à une auge. Ainsi serait née la légende.

     On peut supposer que le roc volant révélé par la photo est du même acabit. Des émigrants de Cornouailles ou du Pays de Galles, voire d’Écosse ou d’Irlande du Nord, fuyant le Brexit, auraient affrété un rocher volant (ça va plus vite qu’une auge et modernité oblige) pour gagner les terres d’Armorique, prometteuses de paix et de spiritualité. D’ailleurs, on ne compte plus sur nos côtes ce genre de rochers, témoins de leur arrivée.  

Comment ne pas voir la sottise des questions de philo au bac

Bac 2018, épreuves de philosophie

Le 27/06/2018

Où la philo mène

 

     Deux hommes sont accoudés au comptoir du café de la gare. La gare a disparu depuis longtemps mais le bar est resté, signe que toute trace de civilisation n’a pas disparu du centre de la petite ville. À leurs vêtements modestes et fatigués, on voit tout de suite que ce sont des intellos, des profs probablement. Ils discutent à voix basse mais on voit bien que leur sujet les passionne.

     – Je te dis que l’enseignement de la philosophie c’est l'apprentissage de la liberté par l'exercice de la réflexion.

     – Très bien, explique-moi pourquoi la série L a besoin de 8 heures de cours de philo par semaine, la série ES 4 heures, la série S 3 heures et les séries technologiques 2 heures seulement. Les littéraires ont sans doute besoin de réfléchir plus que les autres, ou alors ils ont moins de capacité de réflexion, il leur faut plus de cours. Quant à l’apprentissage de la liberté, on se demande pourquoi les techniciens en ont moins besoin que les littéraires.

    – Parti avec du retard, Achille ne rejoindra jamais la tortue, bien qu’il court beaucoup plus vite !

    – Qu’est-ce que tu racontes ?

    – C’est ce qu’on appelle le paradoxe de Zénon d’Élée. L’enseignement de la philo ne peut être que paradoxal. Quoiqu’on enseigne, on ne peut inculquer aux élèves de vérité définitive (sujet ES). On ne peut pas prouver qu’une théorie est vraie, on peut juste prouver qu’elle est fausse ou incomplète.

     – Je comprends maintenant pourquoi les L ont besoin de plus de cours que les autres. Les théories fumeuses des philosophes qui vont jusqu’à se demander : peut-on renoncer à la vérité (sujet L) faute d’en trouver une admise par tous, suscitent des réfutations bien plus complexes pour eux.

     Ils commandent une autre bière sous le regard réprobateur de la petite serveuse, qui pense au fond d’elle-même que le désir est la marque de notre imperfection (sujet S). Ces deux-là ont le désir de s’enivrer, ce n’est certes pas un exemple de perfection.

    – Platon lui-même, distingue dans l’allégorie de la caverne, l’opinion (doxa) jugement porté sans connaissance véritable et la connaissance intelligible, la science. N’est-ce pas dire que les scientifiques n’ont pas besoin de philosophie ?

    – Pas tout à fait. L’expérience peut-être trompeuse (sujet voie technologique) si elle se laisse dominer par l’opinion. Il est donc nécessaire que le scientifique puisse organiser son jugement en toute liberté, il doit donc philosopher lui aussi.

    – Sauf que beaucoup de progrès majeurs en sciences sont dus bien plus à l’intuition, voire à l’erreur (sérendipité), qu’à une réflexion organisée. On trouve d’abord, on prouve après. Et pour maîtriser le progrès technique (sujet techno.) il n’est point besoin de philosopher !

    – Bon, tu es contre l’enseignement de la philo ?

    – Parfaitement, je ne vois qu’un domaine où elle pourrait être utile, l’étude encyclopédique des arts, peut-on y être insensible ? (sujet ES), des idées et des religions. C’est d’ailleurs de cette manière que les autres pays européens voient l’enseignement de la philo. Nous sommes dans le domaine de la culture. Nous rend-elle plus humain ? (sujet L). La question est stupide, si on néglige le côté agricole, comme d’ailleurs toutes les autres posées au bac.

    – Ah oui ! Mettons la culture des radis en terminale.

    – C’est ça, mais les citadins pourraient en éprouver de l’injustice et est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ? (sujet S)

    – Ce qui serait juste ce serait d’abandonner cette sottise archaïque qui nous vient de la Révolution, qui ne sert à rien ni à personne, si ce n’est à briller en société. Le pouvoir est aux mains des technocrates et je ne crois pas que leur système de pensée ait quelque chose à voir avec Descartes, Pascal, Rousseau ou même Finkielkraut.

    – Allons à ta santé ! On ne va quand même pas changer une chose instituée par Napoléon et c’est tellement français de discuter dans le vide (comme nous le faisons!).         

     

Perception du temps qu'il fait et changements climatiques.

Du dérèglement climatique

Le 04/06/2018

 

     « Il fait si froid qu’on se marierait pour avoir chaud ! » James Joyce.

     « La pluie ne mouille que les cons. » Olivier de Kersauzon. Citation un tant soit peu erronée de l’évangile selon saint Matthieu (5, 48) : « …notre Père des cieux qui fait […] tomber la pluie sur les justes et les injustes. »

     « Quel temps ! On se croirait en plein hiver. » Robert, le 14 janvier.

     « Si ça continue, on va être obligé d’allumer le chauffage ! » Denise, le 24 octobre.

     « C’est la chasse qui a fait disparaître les dinosaures. » Marcelle, (la date n’a pas été conservée).

    Alors que la sécheresse et les inondations ravagent le pays, les quelques citations ci-dessus montrent à quel point la perception du climat est sujette à interprétations. A la mi-janvier, nous sommes tellement habitués à la douceur du temps que l’hiver est oblitéré. Nous sommes étonnés, si par hasard le froid nous rappelle que nous devrions être en hiver. La perception de la température est personnelle et relative mais l’opinion exprimée sur le temps est généralement consensuelle et absolue. L’habitant de nos contrées et du monde tempéré en général, dit à la boulangère : « Il fait mauvais ou, il fait beau (on va le payer) ou encore, il n’y a plus de saisons ! (autrefois c’était à cause des essais nucléaires, maintenant c’est la faute du carbone) ». Sans contestation possible.

     Mais pas sans culpabilité. Quelque soit la couleur du ciel, il pense maintenant que c’est de sa faute si la planète se dessèche comme une vieille pomme ou subit les assauts répétés de phénomènes météorologiques violents et destructeurs. D’où la citation sur les regrettés dinosaures, disparus dans un changement climatique certainement à cause de nous (pour nous faire de la place peut-être ?). On imagine l’extraordinaire biodiversité qu’auraient apportée ces animaux dans nos campagnes, nos villes, nos mers et nos cieux. Un diplodocus crevé c’est autre chose qu’un papillon qui meurt !

     La passion du temps de demain est-elle cathartique ? L’acédia typique de l’ouverture matinale des volets, l’été sous nos latitudes septentrionales, qui justifie sans doute la surconsommation régionale d’anxiolytiques, est-elle consécutive de l’animadversion générale du mauvais temps ? Si nous exceptons certaines catégories socioprofessionnelles liées à la surproduction de denrées destinées à l’alimentation humaine, désireuse d’une certaine hygrométrie non dénuée d’ensoleillement – pratiquement du domaine de l’utopie – qui les conduit d’ailleurs, à s’inscrire dans les populations les plus touchées par la dépression nerveuse, je répondrais oui.

     Car le fatum météorologique hertzien ou autre de nos mass media, attendu chaque soir comme l’aria des informations (et placé en exorde et péroraison du journal de certains canaux) par les populations angoissées du temps futur, leur procure la décharge émotionnelle libératrice qui leur permet enfin de savoir comment s’habiller ou s’il faudra prendre un parapluie (dizglavier) pour aller à la plage le week-end prochain.

     Aussi le dérèglement du climat est-il craint plus que tout car il est susceptible d’accélérer l’anomie, qui guette nos sociétés fondées sur la stabilité des ressources naturelles, que nous souhaitons ardemment renouvelables et finalement, de causer notre extermination. La conduite ordalique des humains de toutes civilisations, par laquelle une société tente de se rendre maître de son destin pour un canon emphytéotique ridicule, ne peut manquer, sauf à venir à résipiscence, de nous conduire au déluge, forme mythique, extrême et radicale du changement climatique. L’espèce humaine a peur du temps qui viendra un jour l’estourbir et les différentes occurrences possibles du climat nous rongent, telle une tunique de Nessus dont on ne se débarrasserait, qu’en rendant notre carbone à la terre.

Vous pouvez donner votre avis ci-dessous dans commentaires.

Commentaires sur l'écriture inclusive, du féminin au charabia

Ecriture inclusive

Le 24/05/2018

   Maintenant que la polémique s’est (provisoirement) assoupie, grâce à Johnny Halliday et au Prince Harry, nous pourrons peut-être, parler plus sereinement de la fameuse écriture inclusive.

    Qu’est-ce que c’est ? Cette manière d’écrire consiste à inclure le féminin, entrecoupé de points milieu [·] dans les noms pour le rendre visible. On écrira par exemple : agriculteur· rice·s, ou artisan· e·s, etc…  M. Mélanchon, toujours à la pointe du progrès, écrit : sindicat·e·s. Les adjectifs et pronoms n’échappent pas à la règle : ils·elle·s, celui·elle, ceux·elles, du·de la, etc.

    Mais ce n’est pas tout, pour les déterminants l’ordre alphabétique intervient, on écrira : la·le journaliste, à la·au maire, de la·du fonctionnaire, etc. Ordre alphabétique aussi pour une énumération des termes d’un groupe. Exemple : enfants, femmes, hommes. Cela dans le but de ne pas mettre systématiquement le féminin en premier par galanterie (la honte si un masculin vous cède sa place)

    Et plus encore : l’écriture inclusive préconise l’accord de proximité. Exemple : les hommes et les femmes sont belles, mais si on applique la règle précédente (l’ordre alphabétique), on écrira les femmes et les hommes sont beaux. L’accord de proximité tombé en désuétude depuis le Moyen âge, quand le français vagissait dans ses langes, ne semble pas être un progrès pour le féminisme en fin de compte.

    L’orthographe, pour moi qui écris, est une obsession permanente due sans doute à la jambe de bois de mon maître à l’école primaire. Comme elle l’orthographe est raide, injuste, peu pratique, irréfragable et la déréliction qui me prend en face d’un mot indécis, est comparable à la solitude du dompteur dans sa cage. Alors l’écriture inclusive ne fera qu’ajouter des clous à ma croix. Des clous en forme de point milieu.

   Pourquoi l’écriture inclusive ? On l’a dit, pour rendre plus visible le genre féminin. Y aurait-il dans le maquis de la langue, une guérilla entre le féminin et le masculin ? Des guerrières rampant dans les broussailles, se lancent à l’assaut des fermes isolées où l’Académie tient ses séances secrètes et élève des cochons. Les porcs s’enfuient au vacarme de la bataille. Ils s’avoueront bientôt vaincus et viendront lécher la main de qui veut leur mort. Chefs de parti, extrémistes de gauche, populistes, chefs d’entreprise et lèche-bottes de tous horizons, viendront en chemise, cravate au cou, demander pardon de n’avoir pas compris plus tôt qui était le plus fort.          

    « Celui qui dicte les termes du débat, domine les débats » (Michel Foucault, ou un autre structuraliste avec une queue et une tête). La novlangue est indispensable aux tyrans. En politique les termes sont manipulés sans scrupule. Plus c’est gros mieux ça passe. Les Nazis : « Action Erntefest » (opération festival de la récolte) pour l’élimination des Juifs de Pologne, « Groß Lüge » (grand mensonge) technique de propagande produisant les plus gros mensonges possibles pour que personne ne puisse douter qu’ils soient vrais. Les Communistes quant à eux, actualisent les termes usés : prolétaire se dit travailleur, le Lupemproletariat (prolétaires en haillons) devient les pauvres tout simplement, les bourgeois sont les riches, les capitalistes des patrons et la révolution n’est plus qu’une transformation sociale. On peut multiplier les exemples, jusqu’au nom des pays : Républiques démocratiques de tout poil (on vient d’inventer le terme démocrature plus approprié pour les démocraties-dictatures), le Burkina Faso pays des hommes intègres (morts sans doute), le Pakistan pays des purs, le Salvador qui aurait grand besoin d’un sauveur, etc.

   On le voit, les oppresseurs manipulent le langage bien plus facilement que les opprimés. A-t-on traduit la bible en verlan ? Je serais curieux d’entendre la lecture d’un lai de Marie de France réécrit en écriture inclusive. Ne dit-elle pas :

                    « Tels purchace le mal d’altrui,                   « Tel qui dénonce le mal d’autrui,

                     Dunt tuz li mals revert sur lui. »               Voit tout le mal se retourner contre lui. »

Feuille de vigne datée de 1919 célébrant la fin de la guerre

1918, la paix de mon grand-père

Le 02/05/2018

La feuille

 

     En cherchant dans les archives de la famille pour trouver de la documentation sur la vie de mon grand-père maternel, j’ai trouvé dans son livret de solde une feuille de vigne, bien conservée, sur laquelle est écrit à l’encre noire : congé renouvelable 13 Mai 1919. Je n’y ai pas porté grande attention. Quoi de plus banal qu’une feuille ou une fleur conservée entre les pages d’un livre. Souvenir. Cela se fait-il encore ?

    Mon grand-père, François Le Lann s’est engagé à quinze ans dans la marine. Il était de la classe 1913. Matelot puis quartier-maître électricien, il fait la guerre sur les sous-marins. Il en sort vivant en 1919, pour épouser sa promise Isabelle, qui l’attend depuis cinq ans.

Sur le livret de solde, qui a pris une couleur tabac, je trouve des chiffres : en 1918, il gagne 3,00 francs par jour (solde de quartier-maître de 8 à 12 ans d’ancienneté), supplément 1,25 f. / jour (sans doute pour service à la mer), gratification pour la fête nationale : 1 f., Indemnité de combat 66,50 f. (pour 113 jours soit 0,59 f. / jour). À titre de comparaison une paire de chaussures en cuir, coûte entre 29,95 et 39,95 francs à la fin de la guerre. Le prix a doublé depuis 1914. François ne dépensait pas tout, il envoyait régulièrement de l’argent à sa famille.

    J’ai le souvenir d’un homme tout à fait démodé, avec sa raie au milieu et sa petite moustache genre Hitler. Grand type sec, son caractère est tout à l’opposé à sa morphologie. Affable, doux, aimant le vin, la bonne chère et le tabac. Il plaisante volontiers sur un registre surréaliste, voire absurde. Il prend la vie au fil de l’eau, ma grand-mère Isabelle tient le gouvernail en ronchonnant.

    Je reviens à la feuille, elle aussi couleur tabac et je réalise qu’elle a au moins cent ans. Je pense que c’est une feuille de vigne. Si c’est le cas, elle a été cueillie à Malte en 1917 (à Cherbourg, où mon grand-père finit la guerre, il n’en aurait pas trouvé de semblable). Pourquoi François a-t-il ramené ce souvenir de l’île des Chevaliers de l’Ordre de Jérusalem ?

   Il a été renvoyé dans ses foyers le 15 juin 1919. La feuille était déjà sèche pour qu’on puisse écrire dessus. Placée dans le livret de solde, elle symbolise la libération du marin. La fin de sa guerre. Et quoi de mieux qu’une feuille pour exprimer la paix ? A-t-on jamais vu des arbres se faire la guerre ? Et une feuille de vigne ! Bien que non croyant, François est imprégné de religion, la vêture d’Ève, l’ivresse de Noé, les filles de Loth, les noces de Cana, le sang du Christ… la vigne et le vin sont de puissantes images de la vie, et du péché aussi.

    Cette feuille presque miraculeusement conservée, livre cent ans après, l’espoir de paix que la fin de la Grande Guerre portait. La der. des der. ! Espoir terriblement déçu. Les guerres comme les feuilles d’arbre ont leur saison et rien ne peut les empêcher de revenir.

    Mon grand-père aurait aujourd’hui 125 ans. Il ne serait pas surpris je crois, de retrouver dans son livret de solde, une feuille cueillie dans une vigne de Malte au plus fort de la guerre, une feuille toujours vivante, comme lui dans mes souvenirs. Il y a inscrit la joie de la paix, immense, si forte, qu’elle est intacte un siècle après.

 

    Je trouve qu’on parle trop peu de cette année 1918 qui a déterminé l’avenir de l’Europe. Il y aura sans doute de multiples commémorations mais le sujet est peut-être trop complexe pour les journalistes, et puis Johnny est mort.