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Blog

Succès du mot glaçant sur le net. C'est le goût de l'horreur

C'est glaçant

Le 29/10/2019

         Glaçant, le mot est à la mode. On le trouve fréquemment dans les médias et particulièrement sur le net, à propos de tout ce qui nous semble horrifique. Utilisé même à la télévision publique (pourtant garante d’une bienséante modération), dans la ravissante bouche d’Anne-Claire Coudray par exemple ou celle non moins souriante de Christophe Hondelatte.

        Définition de glaçant : qui glace au propre et au figuré, c’est-à-dire qui fait perdre ou diminuer l’ardeur des sentiments ; intimider ; remplir d’effroi (Larousse 1954). Pour Littré (Dictionnaire abrégé de 1963) glaçant n’est que le participe présent de glacer : au figuré, causer de la répulsion par le froid des manières ; causer le froid de l’ennui ; causer une profonde impression morale ; causer une émotion pénible et si forte que le mouvement du sang en semble arrêté. Enfin, dans le décevant Petit Larousse de 2011 : qui décourage, rebute par sa froideur.

         Exemple d’articles trouvés sur le net avec glaçant dans le titre : Les glaçants carnets secrets d’un chirurgien pédophile ; Le cannibale de Rothenburg et autres faits glaçants ; Meurtres glaçants des disparus de Mirepoix ; Affaire Troadec, détails glaçants…  Ça donne envie de lire !

         La définition actuelle de l’adjectif serait plutôt : qui fait peur, terrifie, horripile ; est glaçant un évènement qui ne nous touche pas personnellement mais qu’on craint de subir, et par conséquent, nous intéresse intensément. Glaçant dans le titre d’un article, attire irrésistiblement le curieux, fait lire le texte et voir les publicités qui l’accompagnent. Pire encore, le mot sent le scandale, l’horreur. Meurtre, viol, attentat, massacre, génocide, fin du monde, un délicieux frisson nous passe dans le dos et nous tournons page après page (nouvelles publicités à chaque fois), dans l’espoir d’en savoir plus, de décortiquer l’horreur. Et parfois nous sommes déçus, le fait glaçant ne l’est pas tant que ça (ou c’est l’habitude qui l’édulcore). La page est fermée et nous passons à autre chose. La maison est bien chauffée c’est l’essentiel.

         L’occurrence du mot glaçant en littérature reflète l’état de la langue écrite et des mœurs. Autrefois, vers le début du siècle des Lumières, le langage châtié et relevé n’hésite pas sur le mot. Il se perd un peu, puis trouve un nouveau succès à la Révolution avec les têtes qui tombent. Vient une période d’étiage, les guerres de plus en plus féroces ne glacent plus personne. À partir des années cinquante, soixante, un renouveau s’amorce vers une remontée, qui s’accélère actuellement grâce au net. Allons-nous vers une civilisation de la peur ? 

         De tous temps, les journaux ont cherché à attirer le lecteur par le scandale. Il faut voir les unes du Petit journal (1853-1944), de Détective (créé en 1928) ; des journaux révolutionnaires, Le père Duchesne (foutre !) et bien d’autres. Comme on dit toujours, on n’est pas obligé de lire ou de regarder. Il suffit de le faire en loucedé.

Kerguidu, symbole de la résistance bretonne à l'oppression.

La bataille de Kerguidu

Le 26/09/2019

        La bataille de Kerguidu a été popularisée par le livre en breton de Lan Inizan (publié en 1877). Le Breton rebelle, jaloux de sa liberté, est prêt à donner sa vie pour sa famille, sa religion, sa terre. Il est bien douloureux d’être opprimé, il n’y a de honte qu’à se soumettre. En 1793, les paysans et les villageois sont excédés par les réquisitions de leurs maigres récoltes et la persécution de leurs prêtres. Survient la levée en masse de 300 000 hommes décidée par la Convention le 24 février 1793. C’en est trop. Les paysans du Léon s’insurgent aussitôt. Le tirage au sort des conscrits tourne à l’émeute et bientôt en bataille rangée. Celle de Kerguidu suit de quelques jours le combat de Saint-Pol-de-Léon qui fit trois morts parmi les Républicains.

        Le rapport du citoyen Prat, commissaire du district de Lesneven qui accompagnait le Général Canclaux à Kerguidu, est sans doute le plus proche de la vérité sur ce qui s’est passé. Il n’a que faire d’un patriotisme breton, sa nation c’est la France et elle est en danger.

        Les paysans avertis de l’arrivée de Canclaux, coupent la route de Lesneven à Saint-Pol, en détruisant le pont sur la rivière Guillec à la hauteur de Kerguidu, le samedi 23 mars 1793. L’eau haute et le courant rapide rendent très difficile le passage à gué et impossible le franchissement sous le feu ennemi. Le lendemain, dimanche des rameaux, le régiment des volontaires du Calvados, la Garde nationale de Saint-Pol, renforcée de celle de Morlaix, soit 460 hommes au total, se rendent à Kerguidu avec un chariot chargé de poutres et de planches pour réparer le pont. Ils disposent d’un canon. Plusieurs milliers de paysans sont embusqués dans le bois de Kerminguy pour empêcher les Républicains de passer. Le combat s’engage vers dix heures du matin. On remarque parmi les insurgés, plusieurs femmes qui se battent avec beaucoup de courage et de résolution. Les Républicains sont en infériorité numérique. Bientôt encerclés, ils se forment en carré sur une éminence, rive droite de la rivière. Dans cette manœuvre précipitée, le canon a roulé dans un trou. Essieu cassé, la pièce est hors d’usage. La situation semble critique quand le Général Canclaux arrive, avec 1 200 hommes de la garnison de Brest, du côté de Lesneven. Ses deux canons de huit mis en batterie, font fuir les paysans qui gardent le pont détruit. Ils escaladent les talus et s’embusquent derrière pour continuer à tirer.

        Courageusement, les charpentiers patriotes de Saint-Pol réparent sommairement le pont sous le feu des insurgés. Les troupes du Général Canclaux franchissent enfin le Guillec et chargent à la baïonnette sur la rive gauche. Les paysans se débandent. Un canon positionné sur l’éminence ainsi libérée, sème le désordre dans les rangs des insurgés. Canclaux lance alors l’assaut sur la rive droite, les paysans pris à revers s’enfuient. Cinq sont fait prisonniers, dont une femme. Elle porte encore sur elle deux pistolets chargés. Les Républicains peuvent faire leur jonction et marchent sur Saint-Pol, harcelés sans répit par les insurgés embusqués derrière les haies et les talus. Arrivés au croisement du chemin de Landivisiau à hauteur de Plougoulm, les paysans barrent la route. Le combat est bref, le canon ouvre la route de Saint-Pol. Les républicains y arrivent au crépuscule.

         On ignore combien de paysans ont été tués dans l’affaire, ils sont sans doute revenus chercher leurs morts pendant la nuit. Ils seraient probablement plus d’une centaine, (L’historien Albert Laot pense à seulement 6 morts, l’abbé Cadic à 120 et le Général Canclaux les évalue à 400). Les républicains n’ont eu que 8 blessés.

        La commission militaire chargée de juger les rebelles pris les armes à la main, se réunit le premier avril 1793. Le 4 elle condamne à mort Jean Pedel cabaretier au Relecq en Guipavas (Relecq-Kerhuon aujourd’hui) et le 5 elle condamne François Guiavarch cultivateur a Keros en Guipavas, immédiatement exécutés (il y a eu probablement d’autres exécutions). Le tribunal criminel condamne à mort François Barbier notaire et maire de Ploudalmézeau qui tente de s’ouvrir les veines avec un mauvais couteau dans la nuit. Sauvé par ses gardiens, il marche d’un pas ferme le lendemain vers l’échafaud. Le 23 avril, condamnation à mort de Jean Prigent maire de Plouzévédé, un des notables les plus actifs de l’insurrection. L’exécution a lieu à Lesneven pour bien montrer aux insurgés ce qu’ils risquent en se rebellant contre la République. Le 11 avril 1793 La convention nationale décrète que l’administration départementale et le Général Canclaux avaient bien mérité de la patrie.

Souvenirs de l'apprentissage d'ajusteur  à la DCAN de Brest.

Souvenirs d'apprentissage

Le 27/08/2019

        Près d’un chantier de construction d’immeubles, je trouve sur le trottoir trois écrous. Ils ont sales mais pas rouillés, marqués A2-035. J’en déduis qu’ils sont en acier inoxydable (vérification faite sur internet, c’est de l’acier inox austénitique). Paf ! Renvoyé soixante ans en arrière. Aux apprentis de la DCAN, à l’arsenal de Brest.

        Jean-Claude, un gars de troisième année, vient à mon étau me montrer discrètement une bague, qu’il a confectionnée dans un écrou en inox. C’est de la bricole, de la perruque. Il est interdit de travailler pour son compte dans les ateliers mais les instructeurs ne sont pas toujours sur notre dos. On travaille tellement dur pendant les essais, qu’on peut aussi se divertir un peu. Pourquoi appeler la réalisation de progressions pédagogiques des essais ? Les ouvriers peuvent, sous conditions, se présenter à des épreuves pratiques et théoriques pour changer de catégorie, ce sont des essais (la plupart du temps réussi), d’où le nom.

        Sa bague est polie comme un miroir. Elle comporte un insert minuscule en bronze, ajusté en queue d’aronde. Je m’extasie sans plus. Je pense que je n’arriverais pas à faire aussi bien. Jean-Claude est un cador, comme on dit dans les ateliers. À mon tour je m’essaie à confectionner une bague. Les écrous s’échangent à prix d’or. Enfin j’en ai un. Il faut aussi trouver le papier carborundum pour obtenir le poli miroir. Nous en conservons précieusement des lambeaux, quand on nous en donne pour la finition de certains outils que nous fabriquons. Je me lance, je perce, je scie, je lime, je polis. Mais pour finir je me contente d’un chaton en forme de diamant. Banal. Je n’ai pas tenté le chef d’œuvre, l’insert en queue d’aronde. À l’époque je me contentais de peu. En soixante ans je n’aurais pas eu l’occasion de me rattraper et là, je trouve ces écrous.

        L’apprentissage d’ajusteur (d’artillerie mar plij !) à l’arsenal me revient dans les mains. Il commence par une espèce de dressage : scier avec la lame à l’envers (sans les dents), buriner en frappant sur un burin arrondi, limer avec une lime gigantesque, tout ça pendant des heures et des heures. La sueur coule. Et le sang. Les phalanges sont massacrées au marteau, les coupures se multiplient sur les arêtes tranchantes des pièces, la paume de la main droite n’est plus qu’une plaie qu’on bande avec un mouchoir. L’épuisement gagne. Les pauvres enfants qui passaient leur temps jusque-là, à sommeiller sur leurs fesses en salle de classe, sont obligés de rester debout toute la journée, à piétiner dans la limaille. Interdit de s’assoir. La sirène de six heures cinq est une douce délivrance. Je me vois encore descendre du plateau des Capucins dans la fraicheur du soir, les mains dans les poches, l’esprit libre, enfin débarrassé des miasmes scolaires (pas tout à fait cependant mais alors je n’y pense plus).

         Et quelle efficacité cet apprentissage ! Soixante ans après, un matin, je prends mes écrous, je perce, je scie, je lime, je polis. La main s’accommode. Après quelques hésitations les surfaces sont planes, les arrondis réguliers, le poli excellent (on se voit dedans). Je commence par des pointes de diamant comme autrefois, première bague. Puis des grains de riz, plus difficile, deuxième bague. Enfin je tente l’insert de cuivre en queue d’aronde, troisième bague. Et je réussis (voir la photo).

        Pour être honnête j’ai tous les outils nécessaires et en 60 ans, j’ai quand même réalisé quelques pièces dans mon garage dont la réplique d’un révolver, qui m’a pris quelques 200 heures de travail.

        Mon épouse s’étonne, j’ai l’air heureux en travaillant. J’ai l’âge maussade habituellement mais le travail manuel remue les neurones d’antan, les connections fulgurantes d’autrefois. La joie du chef-d’œuvre en devenir.

        Seize ans, je m’éveille enfin sous la morsure de l’acier, dans l’effort et la précision. Je ne suis plus une larve incapable d’apprendre.

Greta Thunberg, enfant prodige, sacrée égérie du climat

Greta Thunberg

Le 30/07/2019

         Toujours nous avons eu des enfants prodiges. Le petit Mozart est exhibé dans toutes les cours d’Europe alors qu’il n’a que 6 ans, Blaise Pascal écrit un traité sur les coniques à 16 ans, Roberto Benzi conduit un orchestre dès 11 ans, Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes au collège… Enfants prodiges autrefois, ‟surdoués” le siècle dernier puis qualifiés de ‟précoces” aujourd’hui. Simple précaution oratoire pour ne pas traumatiser un enfant (et surtout ses parents) qui finira peut-être sdf un jour, faute d’avoir pu s’adapter à une société adepte de litotes.

        Greta, qui se dit elle-même autiste, se trouve propulsée au premier plan par un tsunami médiatique. Avec un courage de guerrière, la frêle gamine monte au front dans le combat pour le futur de l’humanité. Ses armes : la jeunesse, l’innocence et la foi. Et la naïveté nécessaire. La mission qu’elle s’est donnée la dépasse tellement. Quant à son message, il revient à dire au sourd qu’il n’entend pas. Ce n’est guère utile de rappeler le discours du GIEC (Groupe Inquiétant d’Etudes Consensuelles) à des pays qui sont lancés dans une course vertigineuse vers l’eau et l’électricité, la santé, le confort et le plaisir, la satiété et l’information. Lycéens, faites grève le vendredi, séchez les cours, manifestez en riant et en chantant, vous ne le savez peut-être pas mais vous êtes la terreur des Princes.

         Les enfants aiment les grandes causes. En 1212, conduite par le berger Étienne, la croisade des enfants s’ébranle. À Paris, Philippe Auguste refuse de la soutenir, elle finira lamentablement. La légende prétend que les derniers survivants seront vendus comme esclaves en Afrique. Et Jeanne d’Arc, boutant les Anglais hors de France, brûlée vive à 19 ans, abandonnée par Charles VII qu’elle avait pourtant hissé sur le trône de sa chère patrie. Ou encore en 1793, Agricol Viala qui tombe sous les balles des royalistes à 13 ans, en tranchant les câbles d’un pont de bateaux pour empêcher les rebelles de franchir la Durance. Il crie (dans le style de l’époque) : « Ils ne m’ont pas manqué, mais ça m’est égal, je meurs pour la liberté ! » Enfin parmi tant d’autres, Guy Môquet fusillé à 17 ans pour la gloire de Staline.

         Nietzsche évoque les métamorphoses de l’esprit (Ainsi parlait Zarathoustra) d’abord chameau, puis lion, enfin enfant. N’est-ce pas aussi l’évolution de nos sociétés les plus avancées ? Chameau qui se charge de richesses et de connaissances, lion luttant pour la liberté et enfin enfant égoïste, insouciant, jouisseur et cruel sans même s’en rendre compte. Enfant se croyant généreux parce qu’il donne ses jouets cassés aux pauvres. Enfant qui se croit propre parce qu’on change ses couches. Quant aux Princes, gonflés d’importance et de certitudes, ils s’échangent des tweets comme des ados, s’insultent à l’occasion et se prennent en photo dans des réunions inutiles et coûteuses.

        Il y a trois mille ans l’Ecclésiaste écrivait : « Malheur à toi, pays dont le roi est un gamin, et dont les princes mangent dès le matin. (10 6 16) »

E=Mc2, formule belle et mystérieuse, symbole universel

E=Mc2

Le 12/07/2019

 

        E=Mc2, tout le monde connaît cette formule d’Einstein, qui exprime l’équivalence entre la masse et l’énergie. Elle évoque Hiroshima, la ville détruite par quelques kilos d’uranium. La concision et la simplicité (qu’on peut assimiler à la beauté en sciences) de la formule a conquis le public. Elle est devenue en quelque sorte un symbole de la connaissance supérieure de la matière, donc de nous-même. Et de l’intelligence humaine, capable de tous les défis et de tous les maléfices.

        L’énergie (E) est égale à la masse (M) multipliée par la vitesse de la lumière (c) au carré. On comprend que l’énergie soit équivalente d’une certaine façon à la masse, mais pourquoi et comment, la vitesse de la lumière intervient-elle dans la formule ? Voilà une question qui me grattouille depuis très longtemps. Le livre de Françoise Balibar, Jean-Marc Lévy-Leblond et Roland Lehourcq, Qu’est-ce que la matière, répond peut-être à la question.

         Il faut admettre en premier lieu que la vitesse de la lumière est indépassable et ne dépend pas du repère dans lequel elle est mesurée (c’est l’origine de la Relativité). Les grains de lumière, les photons, se déplacent à cette vitesse limite dans le vide. Supposons que l’on communique à un corps de plus en plus d’énergie en augmentant sa vitesse, pourquoi ne peut-on pas dépasser la vitesse de la lumière ?

        L’inertie d’un corps au repos est égale à sa masse mais Einstein nous apprend que l’inertie croit avec la vitesse. Plus il va vite, plus l’énergie nécessaire pour modifier sa vitesse est grande. En approchant de la vitesse de la lumière, elle devient infinie. En remontant une montre à ressort (ça existe encore) vous augmentez son énergie interne, donc sa masse (dans une proportion de l’ordre de 10 -21 soit un millième de milliardième de milliardième). On sait par expérience qu’elle ne va pas exploser. En revanche, personne ne sait vraiment ce qu’est l’inertie.

         Revenons à la question, pourquoi c2 dans la formule ? Jean-Marc Lévy-Leblond répond : « Encore faut-il tenir compte que les unités de masse et d’énergie ne sont pas les mêmes, et introduire le coefficient de conversion entre ces unités, qui est donné par le carré de la vitesse limite, c2. » Trop facile ! Vous me direz que dans les équations de la relativité, la fameuse formule est démontrée. Mais démonstration mathématique ne vaut pas explication sémantique (c’est pour cela que certains ne digèrent jamais les maths et qu’il n’y a pas d’équation dans les livres de vulgarisation). Il ne reste plus qu’à trouver une explication intuitive. La vitesse de la lumière est une limite pour la matière, c’est par le truchement des photons que nous percevons l’univers. La lumière (le rayonnement électromagnétique, visible ou non) est à l’origine du Tout. Elle exprime la matière et l’énergie à la fois, elle est donc ad hoc dans la formule qui les relie. Mais ça n’explique rien !

         La formule E=Mc2 est belle, elle doit rester mystérieuse, aussi.   

Création d'une application capable de détecter la sottise

Le logicon

Le 24/06/2019

        Je lance un appel pour la création d’une startup qui réalisera et commercialisera une application (nom provisoire Logicon) pour smartphone, tablette ou ordinateur, capable de mesurer en temps réel le degré d’intelligence d’un discours ou d’un texte. La haine ou tout simplement l’impolitesse ne sont pas évaluées ici mais on en déduira facilement l’impact dans le degré de stupidité.

        Les divers degrés sont les suivants, représentés par une icône de couleur à l’écran, par un message vocal ou la couleur que va prendre le texte  :

        1. Vert. Génial : vous avez fait jouer une composante de façon vertigineuse, en la nourrissant avec d’autres composantes. Mais il ne faut pas espérer être compris par tous.

        2. Blanc. Sage : c’est comme si vous ne faisiez rien de concret. Vous pouvez pousser les autres à l’erreur mais vous n’en commettez pas. (Lao-Tseu)

        3. Bleu. Juste : vous avez des idées généreuses sans espoir de récompense. Mais attention, vos actions seront souvent irréparables car la justice n’existe pas dans la nature.

        4. Orange. Stupide : vous n’avez pas tout compris, vous ne vous trompez pas dans votre comportement mais dans votre raisonnement.

        5. Jaune. Imbécile : vous avez un problème de comportement social. Vous faites des grosses gaffes ou insultez les gens.

        6. Rose. Idiot : vos raisonnement n’ont pas de sens, vous ne distinguez pas le vrai du faux. Mais vous pouvez être parfois utile, pour appuyer certaines idées de la doxa.

        7. Rouge. Con : vous êtes antipathique, vous vous comportez comme si vous étiez le seul à avoir le bon comportement ou le bon raisonnement (de votre point de vue) et tancez les autres, s’ils ne vous suivent pas.   

        8. Noir. Fou : vous ne connaissez pas la logique. Vous avez une idée fixe, et tout ce que vous trouvez sera bon pour la confirmer. Vous ignorez le devoir de preuve. Vous êtes un danger public.

        Je dois avouer que malgré l’intelligence artificielle, les premiers essais du Logicon ne sont pas tout à fait satisfaisants. Les couleurs sont instables et finissent souvent au noir. L’idée serait-elle folle ? 

Comment la vie elle-même peut provoquer sa disparition

Quand la vie tue la vie

Le 04/06/2019

        Il faut sauver la planète ! Ce slogan d’ado qui n’a pas bien assimilé le programme de SVT de troisième, pourrait être avantageusement remplacé par : Il faut sauver l’humanité. Problème, c’est l’humanité elle-même qui se détruit. Peut-on demander au scorpion de ne pas piquer ? Quand le Titanic sombre, ce n’est pas l’orchestre qui continue à jouer courageusement qui va le sauver.

        Notre planète est-elle un être vivant ? C’est une opinion répandue et comme toutes les opinions, elle n’est pas fondée scientifiquement. Elle ne possède aucune caractéristique de la vie : reproduction, croissance, métabolisme. On pourrait dire que la terre a une fille, la lune, résultat de son accouplement avec la planète Théia. Mais la lune ne vit pas. La terre a donné naissance à la vie et, si nous ne nous suicidons pas préalablement, elle nous tuera dans moins d’un milliard d’années. En aucun cas nous n’avons le pouvoir de tuer la planète.

         La vie serait née il y a 3,43 milliards d’années. Les stromatolites fossiles, vestiges de communautés microbiennes en sont les plus anciennes traces. Personne ne sait encore comment Luca (Last Universal Common Ancestor) est né, cependant nous savons que l’empreinte génétique de ce premier organisme se retrouve dans toutes les formes de vie. Un milliard d’années plus tard, le vivant en inventant la photosynthèse a déjà modifié radicalement l’atmosphère. Les cyanobactéries vont fabriquer de la matière organique à partir du gaz carbonique (CO2) et de l’eau. En produisant de l’oxygène en quantité considérable, un gaz toxique pour la plupart des êtres vivants de l’époque. Consommé par les bactéries, le CO2 finit par se raréfier, l’effet de serre qu’il procure disparaît et la planète se couvre entièrement de glace pendant des millions d’années, 85 % des espèces vivantes disparaissent. Le Titanic coule une première fois.

         La vie va essuyer bien des naufrages. Une centaine de millions d’années plus tard, nouvelles hécatombes. On soupçonne que le sabotage vient de la vie elle-même encore une fois. Les plantes en émiettant le substrat rocheux lessivé par les pluies, auraient embourbé la mer et favorisé l’explosion du plancton qui aurait pompé l’oxygène de l’eau, tuant les formes de vies marines évoluées.

         Il faut être juste, les causes des dernières extinctions massives ne sont pas endogènes. Le volcanisme massif des trapps de Sibérie aurait recouvert une surface égale à plusieurs fois la France d’une couche de lave et de cendres de plusieurs kilomètres d’épaisseur occasionnant un puissant effet de serre (la combustion d’énormes quantités de charbon et de gypse y aurait contribué). L’atmosphère et la mer surchargées en CO2 et en gaz toxiques, tuent 95% des espèces animales. Les dernières extinctions massives sont dues à la chute d’astéroïdes. Le dernier, de 10 Km de diamètre, aurait libéré une énergie de 5 milliards de fois la bombe d’Hiroshima. Heureusement, nous n’avons pas encore d’arme de ce calibre (même en puissances cumulées).

         La vie dévore la vie. Les virus tuent leur hôte. Les plantes invasives éliminent leurs concurrentes et asphyxient les commensaux. Les dominants suppriment les dominés, avant de disparaître eux-mêmes. Chaque espèce vivante fonce les yeux fermés, vers la domination universelle, qui signera sa fin. Certes il existe des cas de symbiose, d’espèces qui sont obligées de vivre ensemble. On sera ému en regardant Némo le poisson clown qui s’égare loin de son anémone urticante et protectrice. Quant à l’homme, il a bien du mal à supporter ses congénères toujours plus nombreux. La croissance exponentielle de l’humanité devra bien s’arrêter un jour. Si la vie s’en charge, ce sera terrifiant.

Où comment la haine est consubstancielle à l'homme

La haine

Le 19/05/2019

         Étonnant, les médias découvrent la haine ! Et son corollaire, les massacres visionnés avec gourmandise par les internautes. Voilà le pire. Reste la haine quotidienne, exprimée sur le net ou autrement, qu’on pourrait attribuer à la sottise, au défoulement dans l’anonymat, à l’inculture ou à toute autre qualité humaine largement répandue.

         Faire l’histoire de la haine revient à faire l’histoire de l’humanité. Déjà chez les premiers agriculteurs, qui voisinaient avec les chasseurs-cueilleurs, les massacres étaient courants, on en trouve de nombreuses traces en Europe. Les véritables guerres n’ont pas tardé, grâce à l’avancement des civilisations et aux progrès de l’économie. Enfin les sciences et la technologie ont permis les massacres de masse.

        Les religions, l’injustice, la fortune, la politique, les différences ethniques (race, le gros mot !) ou sexuelles seraient les principales sources de haine. Il n’en est rien. La haine est consubstantielle à l’humain. Le bon sauvage de Rousseau massacre avec autant de conviction (mais moins de moyens) que le Nazi convaincu.

        Le pire n’est pas obligatoire, heureusement mais le ver est dans le fruit. Examen de conscience : n’avez-vous jamais ressenti une bouffée de haine envers un inconnu pour un regard, une attitude, un mot, une mauvaise action (en voiture par exemple) ? C’est la soupape qui saute ! La haine accumulée se décharge. Dans une foule, toutes les soupapes qui s’ouvrent en même temps peuvent provoquer une haine collective dévastatrice.

         Un mode de pensée est en train de s’instituer. Fini l’amour universel (peace and love), voici la haine institutionnelle. Balance ton porc (surtout si c’est un petit blanc). L’intersectionnalité (association de différentes discriminations), le décolonialisme (qui prône des évènements en non-mixité raciale) ou l’indigénisme (pour qui le modèle républicain est un instrument de la domination des blancs) combattent le racisme en le pratiquant assidument ! Les suprématistes (blancs ou noirs) eux, affichent leur haine sans complexe. L’universalisme a ubérisé ses lumières.

         La haine va jusqu’à se nicher dans la nourriture. Les antispécistes veulent nous faire croire que manger une côtelette est proche de l’anthropophagie, les végans, végétaliens et autres intégristes ne comprennent pas qu’on puisse manger des cadavres d’animaux, qu’on a torturé dans des camps de concentration avant de les massacrer dans des abattoirs. Les survivalistes pensent à la fin des légumes (réchauffement climatique aidant) et les locavores vont les chercher à la ferme près de chez eux. La haine du consumérisme de bas de gamme, ne les empêche pas d’aller en vacances aux antipodes.

         Enfin la sexualité porte au summum de la haine. Êtes-vous parmi les LGBTQI + ? (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queer (étrange), Intersexes et + pour toutes les autres perversions – Freud considérait le baiser comme une perversion, puisqu’il ne participe pas à la procréation). Il ne manque dans la ménagerie que le plus grand nombre, les hommes et les femmes, qui ne songent pas à défiler dans la rue pour défendre leur sexualité, qu’ils estiment du domaine intime et privé.

        La mondialisation fait son œuvre, le communautarisme et le politiquement correct américain s’imposent. Il faut espérer que le port d’armes pour tous ne va pas suivre.

         La haine ne sera jamais vaincue. Jésus a essayé. Sans succès.