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Blog

Bises ou bisous, il faut choisir pour les amis, relations...

Bises ou bisous ?

Le 12/04/2020

             

En ces temps d’embrassades prohibées,

Comme tout ce qui est interdit,

Le baiser est sublimé.

Bise ou bisou ?

Rien du tout !

 

Ou juste par écrit,

La bise pour les amis,

Pauvres victimes

Du confinement.

Le bisou est pour les intimes,

Et plus si affinités :

Bisous partout !

 

Et bisous aussi pour les enfants,

Affectueux poutous

De la part des grands-parents.

 

« Tendres baisers »

Sur les cartes postales d’antan

Adressées au lointain fiancé.

 

Et embrassez celle, celle, celle,

Et embrassez, celle que vous aimerez…

On en chantait de belles

En faisant la ronde autour du brasier,

La nuit de la Saint-Jean.

 

« Les baisers des amants

Sont comme des bouses qui tombent »

Écrivait Montherlant.

Une femme a laissé un « Maudit sois-tu »,

Dans la boîte des « non lus » de sa tombe.

Mais l’image est juste

Pour les ados goulus

Et leurs amours frustes.

 

Moi-même, autrefois ado,

J’avais appris par cœur

La tirade de Cyrano :

« Un baiser mais à tout prendre qu’est-ce ?

… Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer…

Une communion ayant un goût de fleur,

Une façon d’un peu se respirer le cœur

Et de se goûter au bord des lèvres l’âme. »

Récité à l’oreille en ambiance propice,

Grâce au laid poète complice,

Elle fermera les yeux,

Ou claquera une gifle.

C’est gagné une fois sur deux,

Alors s’allume une flamme,

Sur ma joue ou dans son cœur.

 

Les amoureux se bécotent

Comme des pigeons, n’importe où

Sur un banc ou ailleurs et les voyous

Roulent une pelle à qui fricote,

Et elle aime qu’on la pelote.

 

Baisers légers de vieillards

Aux lèvres minces,

Touchants et doux,

Une trop vive étreinte,

Pourrait, mais trop tard,

Rallumer l’amadou,

(En provençal amoureux se dit amadou)

Qui causa tant de guerres,

Jadis et naguère.

*

Coronomédiavirus le virus qui donne la logorrhée aux médias

Coromédiavirus

Le 27/03/2020

        Je me vois obligé de déroger à la règle du présent blog qui n’est pas censé traiter de l’actualité. Je vais donc ajouter quelques mots à la logorrhée des médias sur le Coronavirus. Comment faire autrement puisqu’on ne parle plus que de ça.

        « Nous sommes en guerre », Macron l’a dit. En 1916, les journaux allemands titrent « À l’Ouest rien de nouveau » (Erich Maria Remarque). On continue à tuer 1000 hommes par jour, ce n’est pas nouveau, le front est calme. En France on donne des « Nouvelles du front ». Rassurantes. La véritable horreur ne sera dite que par les écrivains et les carnets de guerre des Poilus, plus tard. Que ce serait-il passé si les médias, avec les moyens d’aujourd’hui, avaient exposé la vérité, à la population, l’arrière, comme on disait alors ? On aurait montré des photos, réalisé des reportages, interviewé les médecins, les infirmières, les blessés, compté les morts. Qui sait, d’intrépides cadreurs auraient suivi en direct une attaque, sous le feu roulant de l’artillerie (à l’époque le direct n’existait pas, on se contentait de reconstitutions à l’arrière).

        Le public accablé, aurait déserté les théâtres et les cinémas. Un énorme nuage de prières se serait alors élevé vers Dieu (ou Marx), et le peuple en foule, se serait porté sur l’Assemblée nationale pour réclamer la paix. Les gouvernements ne pouvaient prendre le risque d’une transparence insoutenable. La propagande remplaçait la vérité.

         Aujourd’hui c’est la vérité qui constitue la propagande, ce qu’on voit, du moins ce qu’on nous montre, scientifiquement, avec calme et pudeur (pas toujours). Et c’est l’écœurement didactique, nous sommes assommés, sidérés, perclus d’inquiétude, bientôt morts de peur. La télévision, au journal de 20 heures, nous inflige chaque soir une émission spéciale Coronavirus. Il n’y a plus de guerres, de famines, de terroristes, d’émigrés, d’accidents, de sport, (confinement oblige), de pollution (c’est vrai), etc. Le journal de RTL s’est ouvert ce soir (26 mars) sur la mort de Michel Hidalgo, une petite respiration (si je puis dire) dans les nouvelles de la pandémie qui prennent toute la place.

        Trop d’informations ? Trop d’injonctions ? Le président, en chef de guerre, nous conduira à la victoire (j’ai confiance), alors pourquoi prend-il ce ton pleurnichard dans ses discours longs comme une journée de confinement et où il répète dix fois la même chose ? C’est le moment d’être martial au contraire, et bref. « Du sang, de la sueur et des larmes » (Churchill en 1940) mais ce serait trop violent pour nous, combattants du XXIe siècle. On nous montre jusqu’à la nausée, la sueur et les larmes, l’imagination fait le reste et c’est bien pire. Il faut arrêter de regarder les diaboliques chaînes d’information en continu.

        « Paroles, paroles… » comme dit la chanson de Dalida, compassion aussi et promesses, qui s’apparentent à une lettre au père Noël. Existe-t-il une stratégie de communication gouvernementale, en dehors des mensonges de circonstance ? Heureusement qu’il nous reste les réseaux sociaux, où l’humour des confinés nous fait parfois éclater de rire. « Rire en larmes » selon l’expression d’Homère.

Les secrets du hand spinner dévoilés, comment se déstresser

Les secrets du hand spinner

Le 29/02/2020

        Apparu en 2017, le hand spinner ou toupie à main est déjà démodé. L’éducation nationale, toujours prompte à adopter les nouveautés dépassées, en a fait un sujet de l’épreuve de maths du Brevet 2018 (ce qui a peut-être déterminé son obsolescence). J’en ai acheté un. Le hand spinner est réputé déstressant et en effet, quand mon ordinateur affiche un petit sablier qui me condamne à l’inaction, je fais tourner mon jouet. Ça fait passer le temps sans énervement. Ou, si un mot me manque, ou une idée, ce qui bizarrement m’arrive de plus en plus souvent, je lance mon spinner et pendant un moment, j’oublie la cruauté de l’âge.

       Nos chers adolescents qui tiennent la toupie entre le pouce et l’index, n’imaginent pas le trésor qu’ils ont entre les doigts. Les légères vibrations qu’ils ressentent, dues aux microrugosités des bandes de roulement du roulement à billes central et à l’imperfection de l’équilibrage, sont sensuelles, douces et caressantes. L’immédiateté stressante s’envole quelques secondes. On oublie ses voisins boutonneux, la planète qui meurt, la question du prof, ce qu’on va manger à la cantine et qu’il n’y a rien à la télé ce soir. On oublie même qu’on a un téléphone dans sa poche.

       Mais le hand spinner a aussi ses secrets, une physique complexe qu’on n’aborde pas en troisième. Lançons la toupie. Si on change légèrement son orientation on sent une résistance. C’est l’effet gyroscopique. Le solide en rotation s’oppose à tous changements de direction. Cette propriété est utilisée pour guider les navires, les missiles et même le télescope spatial Hubble.

        Regardons le tourner, à grande vitesse on ne voit plus que des cercles lumineux. Les masselottes restent invisibles, effet de la permanence rétinienne (ou de l’incapacité du cerveau à isoler plus d’une vingtaine d’images par seconde, on ne sait). On peut s’amuser à cligner des yeux rapidement, pour voir les masselottes comme dans un film en image par image.

        On peut faire mieux. Observons la toupie lancée à grande vitesse sous une lumière électrique. Les masselottes semblent tourner lentement dans un sens puis dans l’autre et ainsi plusieurs fois, alors que la vitesse de rotation diminue. L’effet s’arrête quand on distingue les masselottes séparément donc à partir de 25 images par seconde soit, puisqu’il y a 3 masselottes, à environ 8 tours par seconde ou encore 480 tours par minute.

        Pourquoi la toupie semble-elle tourner dans un sens puis dans l’autre sous la lumière électrique ? C’est ce qu’on appelle l’effet stroboscopique. La lumière s’allume et s’éteint 50 fois par seconde (courant alternatif à 50 Hz). Les masselottes sont éclairées au même rythme. S’il n’y avait qu’une seule masselotte tournant à 50 tours par seconde elle serait éclairée une fois par tour et semblerait immobile. Comme il y en a trois c’est en réalité 50/3= 16,66 tours par seconde (1 000 tours/minute).

         Si la toupie tourne plus vite elle semble tourner en marche arrière. Quand elle atteint la fréquence électrique (synchronisation) elle s’arrête puis, quand la vitesse diminue encore, elle paraît tourner en marche avant. Le phénomène se reproduit quand les masselottes sont éclairées deux fois par tour, puis trois fois par tours, etc. Jusqu’à ce qu’on voie les masselottes individuellement. Si on a lancé la toupie très vite les masselottes peuvent être éclairées une fois tous les 2, 3, 4… tours, le phénomène est le même. Il suffit de compter combien de fois la toupie semble avoir changé de sens de rotation, pour savoir à quelle vitesse elle a été lancée. Par exemple, si ma toupie a changé de sens apparent de rotation 4 fois, c’est qu’elle a été lancée à plus de 3000 tours par minute (synchronisation à 3 000 ; 2 000 ; 1 000 et 500 t/min en tenant compte de l’effet de permanence rétinienne qui disparaît entre 500 et 300 t/min).

         Les anciens se souviendront des westerns d’autrefois ou l’on voyait les roues des chariots, lancés à pleine vitesse pour fuir les indiens, tourner en sens inverse. Le phénomène est à peu près le même, il ne dépend plus de la lumière mais de la vitesse de prise de vue.

20 000 pages vues sur mon site, 8 250 visiteurs uniques.

20 000 pages vues

Le 15/02/2020

        Quand les fleurs défient la lune

 

       Mon site web, siou-gilbert.e-monsite.com vient de dépasser les 20 000 pages vues et a reçu 8 250 visiteurs uniques (certains font ça en une heure !). Je les remercie.  J’ai publié 59 billets, 164 photos et 16 articles sur mes livres en 4 ans et demi.  Je me demande pourquoi j’ai fait ça. Il est temps de se poser la question en effet !

         J’ai voulu d’abord faire la promotion de mes ouvrages. Que j’ai illustrés par quelques photos inédites de la bataille de Mers el-Kébir conservées par mon père et des documents d’archives sur Portzmoguer.

        Et puis vanité aidant, j’ai ajouté des photos de peintures et de céramiques de mon cru (façon de parler pour les céramiques).

        Enfin, je me suis lancé dans un blog, qui ne fonctionne pas comme tel, fort heureusement. Par principe, je me tiens éloigné de l’actualité. L’abondance de commentaires éclairés nous aveugle, plus qu’il nous informe. Inutile d’en rajouter. Je serais plutôt dans la petite histoire, la langue ou les faits divers, dans ce qu’ils ont de farfelu et de parfois complexe. Le domaine scientifique m’inspire également car on y trouve les seules questions qui demandent une réflexion profonde et sereine. Et les savants ont bien plus d’imagination que les poètes. Je crains la philosophie et la politique m’exaspère. Je me rends compte tardivement, que pendant une grande partie de ma carrière, j’ai pratiqué des méthodes et appliqué des idées, que je réfute maintenant.

        Je n’ai pas répondu à la question, pourquoi ? Je le sais bien allez, toutes ces informations ne pourront être inscrites sur ma tombe faute de place. Ce serait dommage qu’elles soient perdues !

        Quant au titre, "Quand les fleurs défient la lune",  mon sujet est futile (les fleurs) mon but est inaccessible (la lune).  

Une nouvelle, dans le recueil

Les secrets de Mardi gras

Le 31/01/2020

        "Le surlendemain du Mardi gras, cinq femmes du village se présentaient au bureau de police de ..."

        Telle est la première phrase de "L'Affaire Lerouge" d' Émile Gaboriau publié en 1886, considéré comme le premier roman policier français contemporain, celui qui aurait inspiré Sherlock Holmes à Conan Doyle. C'est le point de départ choisi par La Gidouille pour émoustiller l'imagination des auteurs de ce livre qui devaient poursuivre cette première phrase à leur guise, sans forcément faire du polar.

        La nouvelle "Les mystères de Camen" nous transporte dans un hameau du Sud Finistère ou se passent des choses étranges, un dentier disparaît et un homme reparaît après avoir été enlevé par des extraterrestres. Péripéties des années cinquante dans la campagne bretonne.      

Les 50 ans de la naissance de Philippe Siou le poète disparu

Philippe Siou, le poète disparu

Le 21/01/2020

          Il y a 50 ans, le 21 janvier, naissait Philippe Siou. Disparu en 2013, le prof de lettres nous a laissé une centaine de chansons, qu’il chantait dans les bars et les boîtes de Lille. Leur énormité faisait rire parfois ou laissait pantois les auditeurs qui n’en croyaient pas leurs oreilles. Mais à les lire on ressent le spleen qui sous-tend toute son œuvre, l’ailleurs du poète au milieu du désert des hommes, qu’il évoque dans une langue savante, mêlée de vieux français, d’argot, de régionalismes et de néologismes savoureux.

Philippe mon fils, tu nous manques.

Ses chansons ont été rassemblées dans un livre : La pipe à l’envers chez Edilivre.

 

LES VACANCES

Voilà fermées les scoles, et adieu l’institutrice

L’humanité se bronze au feu du Dieu qui brûle

La maîtresse bikine sur les plages d’Ibize

Madame a bien maigri et elle s’en congratule.

 

 Ils ont acquis ticket pour un bateau qui cingle

Ou désiré souper dedans le gros Boeing.

Déjougués ils s’ébattent en sandales au tarmac

En leur pupille tangue un rêve de hamac.

 

D’aucun vont en Asie, et son frère à la pêche.

Mais il faut aller loin, au loin que l’autre ignore.

La sandalette hardie foulera Marrakech,

Madame fut roulée des vagues du Bosphore.

 

De mon banc je les mire se ravir à l’exote

Et je songe en fumant à mon petit voyage

Croisière verticale, sur mon banc, sous la flotte.

Plus seul qu’un mort d’hier et son canard sauvage.

 

Ils reviendront hélas, pleine pogne d’images,

Le campeur héroïque et le touriste sage,

Me parler de la lune et du dresseur d’iguane,

C’est qu’ils ont vu Le Caire. J’écrase ma gitane.

 

Parfois un avion tombe, c’est Dieu qui rend justice.

Mots d'enfants, ou comment se réjouir sous la pluie.

Mots d'enfants

Le 10/01/2020

 

Nous avons eu à Brest, 12 minutes de soleil la première semaine de 2020. Plutôt que de pleurnicher, il vaut mieux en rire avec ces mots d'enfants (authentiques)

Ma petite sœur dort comme une marmite (A. 3 ans).

*

P., un petit blond de 5 ans, était heureux à l’école à Diégo Suarez ou travaillait son père expatrié. De retour en France, il est malmené par ses camarades de classe. P. dit à sa mère : « Maman, je veux redevenir noir ! »

*

Y. – C’est dans combien de temps mon anniversaire ?

Mamie : – Dans 5 mois.

Y. – Et ben, ils n’ont pas duré longtemps mes 6 ans !

*

Les cuillers en argent, c’est tante Adèle qui nous en a fait cadeau pour sa mort. (Y. 8 ans)

*

Au moment de prendre l’avion pour retrouver ses parents à Paris, le petit E. (6 ans) :

– Je ne voudrais pas mourir avant d’avoir fait le CP !

*

Que signifient des ennuis pécuniaires ?

A. 10 ans répond : C’est quand on est aux toilettes et qu’on n’a plus de papier cul.

*

G. 3 ans, explique la voiture de son père à ses grands-parents :

Ici t’as le volant, là le levier de vitesses et là dans la petite glace, papa regarde tout le temps en disant « Il va pas me doubler c’t’enculé ! »

*

M. 6 ans, regarde le Tour de France à la télévision

Devant la confusion des voiture et des coureurs elle lance : Je suis sure que les vélos vont gagner.

*

V. 4 ans, à sa mère qui enlève ses lunettes pour l’embrasser dans son lit :

Maman remet tes lunettes, je ne te vois pas bien.

*

F. 6 ans : Quand je serai grand, je serai travailleur !

*

Y. 5 ans, marche à quatre pattes à cause de son plâtre au pied :

Je marche à quatre pieds (l’expression était courante il y a un siècle).

*

En passant devant un magasin d’affaires de bébé avec son père et la nouvelle femme de celui-ci tout à fait enceinte, M. 4 ans, affirme : Bébé pue !

*

M. 5 ans, a découvert un nouveau mot, à la sortie de l’école où l’attend sa grand-mère, elle jette aux garçons :

– Bande de pédés ! Sa grand-mère la reprend :

– Il ne faut pas dire ça, dit plutôt, bande de ouistitis.

Arrivée à la maison, M. dit au chien :

– Espèce de ouistiti. Son grand-père étonné lui demande :

– C’est quoi un ouistiti ?

– Un ouistiti c’est un pédé !

*

Alors qu’on se promène avec elle en voiture, V. 6 ans, dont les parents viennent de divorcer, s’étonne :

Qu’est-ce qu’il y a comme églises aujourd’hui ! 

Petit conte de Noël, une prostituée aide un enfant perdu

Petit conte de Noël

Le 22/12/2019

        Ce sera bientôt Noël. Joseph qui n’a pas encore 10 ans, est venu à Paris avec sa maman et sa tante Hortense, pour voir les devantures des grands magasins et les illuminations. Joseph sait bien que les automates, les petits trains, les panoplies de Zorro… ne trouveront pas de place dans ses souliers. Mais les oranges, les petits Jésus en sucre et le jouet en bois confectionné par son menuisier de père, le raviront tout de même le matin de Noël. La nuit tombe sur la ville illuminée. Les yeux plein d’étoiles ils se dirigent vers la gare Saint-Lazare pour rentrer chez eux à Argenteuil.

        Ils passent devant un homme déguisé en père Noël, qui joue de l’accordéon assis sur un pliant au bord du trottoir. Ils l’écoutent un moment, Hortense lui jette une pièce adroitement dans sa sébile. Joseph captivé par les doigts de l’artiste qui courent sur les touches, se demande comment il peut jouer des deux mains à la fois. Il veut le dire à sa mère, tourne la tête dans tous les sens sans la voir. Les deux femmes sont parties. Il est seul !

        Joseph presse le pas pour les rejoindre. La foule est dense, il ne voit guère que des souliers et des manteaux. Il ne reconnaît pas la rue, croit marcher vers la gare mais il est parti dans le mauvais sens. Joseph panique un peu, il se met à courir et s’éloigne de plus en plus. Bientôt il est complètement perdu, il se met à pleurer. Sur la plaque de rue il lit à travers ses larmes : rue de Provence. Il pourrait demander aux passants le chemin de la gare Saint-Lazare mais il n’ose pas. Les gens emmitouflés, les mains dans les poches, passent en regardant leurs pieds sans faire attention à lui. Sur le trottoir, curieusement, des femmes peu frileuses font les cent pas, jupes fendues, blouson en peau de lapin, bas en filet qu’on dirait de leurs cuisses, que c’est des rôtis de porc.

        L’une d’elles s’approche de Joseph. Elle porte sur sa tête un bonnet rouge et blanc de père Noël, coquettement posé de travers.

        – Pourquoi tu pleures mon petit ?

        – Je suis perdu !

        – Tu es tout seul ?

        – J’étais avec maman et tata Hortense mais elles m’ont oublié devant l’accordéoniste.

        – Tu habites où ?

        – À Argenteuil.

        – T’es venu en train ?

        – Oui.

        – Viens, je vais te conduire à la gare.

        – Mais j’ai pas de billet, c’est maman qui l’a.

        – T’inquiète pas, je vais t’en acheter un.

        C’est ainsi que le petit Joseph est rentré chez lui. La femme lui a posé un tendre baiser sur la joue, avant de le laisser monter dans le train. Arrivé à la maison il guette l’arrivée de sa mère à la fenêtre, un peu inquiet. Son père qui est rentré entre-temps, se contente de rire de son aventure.

        – Elles doivent te chercher partout, je parie qu’elles sont allées au commissariat. C’est bien fait pour elles, elles n’avaient qu’à faire attention à toi. Et pas te laisser aller voir les putes !

        La nuit est tombée depuis longtemps quand la mère de Joseph rentre à la maison. Elle est tellement soulagée de retrouver son fils, qu’elle ne songe même pas à lui faire la leçon. Elle l’embrasse, le serre dans ses bras et se retient de justesse de lui mettre une gifle pour se soulager.

        Dix ans plus tard, Joseph travaille avec son père comme menuisier.  Il est à l’ouvrage dans le garage de la maison familiale, porte grande ouverte. Deux agents de police traînent dans la rue, le nez au vent, inspectant voitures et maisons. Enfin ils approchent, ils cherchent le voisin qui paraît-il a disparu. Joseph ne sait rien. Sa mère de sa fenêtre les a vus. Elle descend dans le garage dès qu’ils sont partis, curieuse :

        – Qu’est-ce qu’ils voulaient ?

        – Oh rien, ils s’inquiétaient juste de savoir si tu avais récupéré ton fils !

        La mère, interloquée d’abord par les lenteurs de la police, finit par éclater de rire mais elle se détourne, pour cacher les larmes qui coulent sur ses joues, au souvenir de cette terrible soirée qui lui revient à chaque veille de Noël.