Blog
Le 16/07/2022
Le tabou, interdiction sociale sans fondement apparent, nous vient du fond des âges. Il persiste encore dans nos sociétés sous des formes évoluées.
« Le primitif met un tabou là où il redoute un danger. Ce danger est, d’une façon générale, un danger psychique […] il ne distingue pas le danger matériel du danger psychique ni le réel de l’imaginaire. Dans sa conception animiste et logique du monde, tout danger prend sa source dans le dessein hostile d’un être animé qui lui ressemble, qu’il s’agisse d’un danger menaçant provenant d’une force naturelle ou de celui provenant de choses, d’hommes ou d’animaux. […] Les dangers dont se croit menacé l’anxieux, ne répondent jamais si fort à son attente qu’au début de la situation dangereuse, et c’est alors seulement, qu’il convient de s’en protéger. » (Freud)
C’est le tabou du neuf, de ce qui n’a encore jamais servi. La virginité chez les femmes en est l’exemple le plus cruel. Les ponts aussi. Il faut qu’une autorité supérieure les franchisse d’abord (le pontife responsable du pont sacré à Rome) pour écarter le mauvais sort qui pourrait frapper celui qui ose passer le premier sans cérémonie (ou sans évoquer les Dieux à qui on doit tout, y compris les ponts). La pose de la première pierre aussi (un notable chasse le mauvais sort à coup de truelle). Ce qui n’a jamais servi doit donc être inauguré, béni ou baptisé (les navires au lancement) avant d’être sacrifié à l’usage commun. Ainsi honoré, le produit neuf se laissera faire sans dommage. Je n’ose évoquer la bénédiction nuptiale qui est d’un tout autre ordre.
Un équipement pourrait se venger sans pitié en cas d’outrage (on a l’exemple du Titanic qui coule lors de sa traversée inaugurale, sans doute pour punir le constructeur qui le prétendait insubmersible). Moins grave est l’angoisse pour une femme, de paraître sur la plage dans un maillot neuf à la dernière mode. Il faut transgresser le tabou qui interdit de montrer ses fesses.
Le tabou du neuf se manifeste de multiples manières. On peut laisser la boîte d’un meuble IKEA dans un coin sans l’ouvrir, plusieurs semaines, pour faire baisser le stress du montage, comme si celui-ci était enfermé dans l’emballage et s’évaporait progressivement. Le tabou de la robe de mariée que le futur époux ne doit pas voir avant la cérémonie, sous peine d’un mariage raté. La voiture neuve que le vendeur dévoile devant vous en enlevant sa housse : tada ! C’est comme si vous étiez le premier à la voir nue, tabou pour les autres, cadeau pour vous seul…
Le tabou du neuf s’est maintenu malgré la civilisation. Sa signification première est identique à celle des coutumes taboues qui sont observées encore aujourd’hui chez les primitifs. « Nous oublions trop facilement que ces peuples eux aussi, vivent dans une civilisation très éloignée des temps archaïques. Une civilisation aussi vieille dans le temps que la nôtre, et qui correspond elle aussi à un stade de développement avancé, quoique différent du nôtre » (Freud). L’homme craindra toujours l’imprévisible, et même si on ne prête plus une âme à l’échelle, on évitera de passer dessous.
Le 16/06/2022
Cette nuit j’ai reçu un message venant des profondeurs du sommeil. Je ne sais comment le Diable a trouvé l’adresse de mes rêves. C’est vrai qu’aujourd’hui on peut difficilement protéger ses données personnelles. Je n’ai pourtant pas fait dernièrement, d’achat sur l’Enfernet. Un représentant des Établissements infernaux m’a contacté (avec un fort accent étranger). Il s’est présenté : Iblîs (Je pense qu’il appelle du Magreb).
– Vous avez récemment effectué un voyage au ciel, n’est-ce pas ?
– Oui.
– J’espère que vous en êtes satisfait. Nous vous offrons maintenant, gratuitement, une excursion en enfer qui sera, nous l’espérons, bien plus excitante et chaleureuse que votre visite du ciel. Tout est compris, les protections thermiques nécessaires, les masques à adduction d’air réfrigéré, les bas de contention, le paracétamol, etc…
– Ça ne m’intéresse pas.
– Vous avez dit oui, ce message est enregistré…
Je n’ai pas le temps de me réveiller, je suis plongé dans un noir absolu. Je cherche à regarder l’heure sur le radioréveil (mon repère la nuit quand je me lève). Il a disparu. Lentement mes yeux s’accoutument à l’obscurité. Je distingue enfin une enseigne lumineuse verdâtre au-dessus d’une porte monumentale. Je lis : « Vous qui entrez, abandonnez toute espérance ». Je m’attends donc à visiter un parc d’attractions dantesque, quelle idée géniale ! Une foule énorme est canalisée vers l’intérieur par des vigiles habillés de noir et armés de fourches. Je ne sais comment mais je passe au travers sans dommage. Sur une petite porte, à côté du portail géant, est indiqué : VIP (Vraiment Important Pellerin). Une hôtesse habillée en sorcière de carnaval m’invite à entrer. Je prends conscience d’être en pyjama. Est-ce une tenue convenable pour visiter l’enfer ? En tout cas ce n’est pas payant !
J’entre. Une signalétique lumineuse indique les différents accès aux cercles de l’enfer. Les visiteurs sont invités à se rendre d’abord dans les stands de présentation pour faire leur choix et sans doute, payer les suppléments nécessaires pour accéder aux différentes attractions. J’ai pris un audioguide à l’entrée :
« Vous avez accès à tout. » Me dit la petite boite noire. « Pour commencer la visite appuyez sur le bouton rouge. » J’appuie. Me voilà propulsé sur une sorte de pont entièrement en verre qui passe au-dessus d’une énorme cavité circulaire. Elle s’enfonce en se rétrécissant étage par étage (j’en compte neuf), jusqu’à des profondeurs rougeoyantes d’où giclent parfois des jets de lave mêlés de silhouettes humaines noires désarticulées.
Le spectacle est véritablement dantesque, cascades de feu, rivières de lave incandescente, tourbillons de fumées noires. Une odeur épouvantable de chairs brûlées et de décomposition, portée par un vent suffocant, arrive à mes narines dans un bacchanal terrible de hurlements, craquements, explosions, sifflements… C’est insupportable. Je consulte l’audioguide pour changer de position : « Pour voir le châtiment des luxurieux, taper un. » Ça peut m’intéresser, je tape un.
Je me trouve transporté dans une plaine aride balayé par un vent glacial baigné dans une lumière de tombeau. Des femmes et des hommes nus se tordent de douleur, torturés par des démons ailés noirs. Les uns sont cloués au sol par des piquets, pendant que des diables les tenaillent avec des outils de fer rouillés, d’autres, pendus par le sexe, accrochés par les seins ou embrochés par les yeux sur des arbres épineux, hurlent pendant que les diables fouillent leur corps de leur phallus, semblable à une dague chauffée au rouge. J’en ai assez vu. Je tape deux. L’audioguide m’indique qu’il s’agit du châtiment des ivrognes.
Dans un tonneau (en axe horizontal) qu’un diable fait tourner à l’aide d’une manivelle, des hommes et des femmes sont précipités les uns sur les autres parmi des bouteilles cassées. Le sang déborde de la tonne en continu. Je ne trouve pas ça très original. Je passe au trois. Sur un plateau rocheux, des êtres décharnés sont torturé par une armée de serpents, de crapauds et de dragons dont la bave laisse des traces sanglantes sur leur peau. C’est le châtiment des médisants, la bave des crapauds...
Je touche le numéro quatre en tremblant. Je me retrouve au milieu d’un chaos de blocs de granit. Des hommes et des femmes, décharnés, les os brisés saillants, la chair à vif, poussent des rochers les uns contre les autres. Ils s’écrasent mutuellement, se mordent et se déchirent sans même l’intervention des démons. Ce sont les coléreux, les vindicatifs, les avares, les prodigues qui purgent leur peine. Le dégoût me gagne. Est-ce vraiment un parc d’attractions ? Mais la curiosité est la plus forte. Je presse le bouton numéro cinq.
Dans un champ labouré, les damnés rampent comme des serpents. Ils mangent de la terre, ce sont les voleurs. Je côtoie un vide abyssal peuplé de lueurs rouges et d’êtres ailés gigantesques qui s’affrontent. Pour sortir de là au plus vite je tape six. Sur une espèce de terrasse battu par un vent brûlant, je vois passer une troménie d’hommes et de femmes en chemise, qui tiennent par les cheveux leur tête coupé à la main, comme une lanterne. L’audioguide indique que ce sont les semeurs de discorde. La petite boîte noire m’indique : « Si vous avez trop chaud, tapez sept pour visitez l’enfer froid, le Yen Ifern des Bretons. »
Je tape sept. Je me retrouve devant un lac dont la surface paraît de verre. Je distingue des points noirs sur la glace, à perte de vue. Je m’approche en grelottant (mon pyjama n’est pas molletonné). Chaque point est une tête vivante, immobile, violacée, la bouche ouverte remplie de glace. Seuls les yeux bougent un peu, exorbités, gros et blancs comme des œufs durs. C’est le châtiment des traîtres.
J’interroge l’audioguide. Le huit et le neuf sont situés tout au fond du cirque infernal. Là où règnent des températures extrêmes. Les pires pécheurs y brûlent sans jamais se consumer dans la lave et le métal en fusion. Ce sont les simoniaques, les concussionnaires, les pervers narcissiques, les assassins, les blasphémateurs, les endurcis dans la pratique des sept péchés capitaux (l’avarice, la paresse, la gourmandise, la colère, la luxure, l’envie et l’orgueil).
Mais j’en ai assez. Roti, surgelé, boucané, je zappe le huit et le neuf. J’appuie frénétiquement sur la flèche verte pour la sortie. L’audioguide me rappelle à l’ordre : « Vous aurez toutes les protections nécessaires pour assister aux supplices des cercles huit et neuf. Ne ratez pas ce spectacle inouï, il est payant mais ça en vaut la peine… » Je hurle : « Non ! Je veux sortir d’ici ! » L’audioguide répond : « La sortie n’existe pas. »
Je cherche pourtant à m’évader. Par un escalier inégal, j’entre dans un souterrain. Une odeur insupportable d’excréments règne dans l’étroit boyau. Des tonneaux pleins de merde sont alignés à perte de vue, la tête d’un homme dépasse de chacun. Un diable ailé passe à toute vitesse une faux au ras des tonneaux. Les damnés sont obligés de rentrer la tête dans le bren à chaque passage. Quel péché a pu conduire ces hommes à un tel supplice ? Je me souviens que mon père m’a déjà raconté ce rêve. Serait-il héréditaire ? En réalité, il est inspiré du châtiment décrit dans la Divine Comédie de Dante au chant XXII de l’Enfer. Mais au lieu de merde, c’est dans la poix bouillante que plongent les damnés.
Je me suis réveillé avec la ferme volonté de ne plus pécher et de faire pénitence. Ça me rappelle le confessionnal de mon enfance, quand l’enfer existait encore.
Cet article s’inspire de mon livre Morvan lez Breizh roi des Bretons éditions Yoran Embanner.
Le 21/05/2022
La nuit dernière je suis monté au ciel, après avoir découvert le voyage nocturne de Mahomet, le Miraj. Je connais le chemin car j’ai longtemps vécu au Baradozic (le petit paradis). Un garde-républicain en grande tenue me portait sur son dos. J’étais un peu gêné par la poignée de son sabre qui me rentrait dans les fesses mais le militaire ne voulait pas se séparer de son arme.
Nous franchissons d’abord une porte monumentale gardée par des anges bleus. Un désert de graviers blancs éblouissant nous sépare d’un palais merveilleux, orné de toutes parts de statues, d’incrustations de pierres semi-précieuses, de pilastres et de colonnes doriques, ioniques ou corinthiennes. Des coupoles couvertes de zinc noir et d’or brillent au soleil, quatre minarets de marbre s’élancent vers le ciel et des dômes ornés de céramiques multicolores, ajoutent une fraîche fantaisie dans tout ce luxe architectural. Devant une large porte de cristal, le garde me dépose sur le tapis rouge qui couvre les marches. Il n’a pas le droit d’aller plus loin. La porte coulisse silencieusement. J’entre hardiment.
Un ange aux ailes noires avec une queue de pie, le poitrail barré par une chaine d’or, me demande ce que je veux en s’inclinant. Je dis que je souhaite voir le chef de la hiérarchie humaine. C’est légitime me répond-il. Je vais vous annoncer à GABRIEL. Il me fait entrer dans une sorte de boîte et l’instant d’après, je me trouve devant une porte monumentale qui s’ouvre à deux battants.
Je me trouve devant l’ange GABRIEL. Il est assis sur un trône qui représente la lune. Ses ailes étendues sont l’une de lumière, l’autre d’ombre rougeâtre comme les pattes des paons. Il tient un smartphone dans une main, une lampe-torche dans l’autre. Derrière lui se déroule comme un film, les images apocalyptiques de la destruction de Sodome et Gomorrhe. Il me dit :
– Je sais que tu veux chasser le mal du monde sublunaire. Ce n’est pas ma mission, je ne peux qu’annoncer la parole de Dieu. Va voir l’archange MIKAËL, le prince des anges t’aidera peut-être.
Je suis transporté aussitôt sur une planète étrange où les pierres flottent sur l’eau, je comprends qu’il s’agit de Mercure. La chaleur est suffocante. Apparaît alors l’archange gigantesque. Il porte une lance, une cuirasse et des cnémides dorées. Il me dit :
– Je ne peux rien pour toi, tes intentions sont bonnes mais je ne commande qu’aux anges. Je chasse SATAN du ciel, c’est aux hommes de lutter contre lui sur la terre. Va voir HANIEL chef des Principautés, il a pouvoir de commandement. Sa force peut t’aider.
Après un court voyage dans les nuées je rencontre HANIEL. Je le reconnais à son allure martiale. Un diadème de plumes multicolore couronne sa tête et son buste est paré d’un pare-flèche cousu de laine rouge. Autour de lui des femmes sublimes, comme venues de Vénus, sortent de la mer, nues, seulement parées de leurs abondantes chevelures rousses. Il me dit :
– Tu n’obtiendras rien ici. Je commande à la troisième sphère qui n’est chargée que du courrier de Dieu. Il te faut remonter dans la hiérarchie des anges pour trouver plus de pouvoir. Veux-tu affronter la deuxième sphère ?
Je n’ai pas le temps de répondre que je me trouve dans une vaste salle violemment illuminée. Un ange est assis sur un trône de bois sculpté. Mais la lumière est si intense que je ne distingue pas son visage. Ses pieds reposent sur une planche à clous de fakir. Ses bras s’appuient sur les accoudoirs du siège. Il tient dans sa main gauche un livre et dans sa main droite une seringue. Il me dit :
– Je suis RAPHAËL. Mon symbole est le soleil et j’inspire les Vertus. Ainsi chacun sait ce qu’il devrait faire et que pourtant il ne fait pas. Toi par exemple que fais-tu au ciel ? As-tu les vertus ardentes nécessaires ? Le courage et la force pour les exercer ? Vas voir CAMAËL, il te dira peut-être comment les trouver.
J’ai compris qu’il est inutile de répondre. Je me retrouve sur Mars, assis sur le rover Curiosity. Les vallonnements rouges qui m’entourent évoquent le sang des guerriers, les bouleversements de la guerre, les destructions aveugles. CAMAËL me survole. Ses ailes de feu avec un flap flap d’hélicoptère, agitent des globules de fumées noires venues de combats invisibles et silencieux. Il me dit :
– Je suis les Puissances. Ainsi se nomment les nations souveraines qui font valoir leurs intérêts, qu’elles croient vitaux, par la guerre. Je n’ai le pouvoir que de tuer et de détruire, sans jamais faire gagner l’un ou l’autre des belligérants. Tous sont vaincus car la mort est leur plus petit commun multiple (PPCM). Vas plutôt voir ZADKIEL.
Une porte circulaire genre coffre-fort de banque s’ouvre lentement. J’entre dans une tour dont je ne vois pas le sommet tant elle est haute. Un escalier à vis tourne à gauche. Je monte jusqu’à l’épuisement. Au sommet je regarde autour de moi. Je ne comprends pas tout de suite. Un visage de femme me fait face. Elle est aussi grande que la tour. Casquée, cuirassée, l’épée au côté. D’une voix exagérément grave (à cause de sa taille sans doute) elle me dit :
– Je suis ZADKIEL, Dominations et Seigneuries. Jupiter est mon fils. Je sais ce que tu veux mais ça ne m’intéresse pas. Je suis au-dessus de ces basses préoccupations du bien et du mal. Tu as fait le tour de la deuxième sphère. Si tu veux accéder à la première, prépare-toi à souffrir. Et pour voir Dieu, il faut mourir.
La peur me saisit. Dans le noir, je vois tourner d’immenses roues embrasées (elles sont si grandes que je ne peux les voir en entier). Des yeux sur la jante me regardent au passage. Leur regard fixe de serpent me terrifie. Une voix de tonnerre s’écrie :
– Je suis ZAPHKIEL de la première sphère, je porte le trône de Dieu. Saturne mon incarnation, dévore ses enfants.
Je tente de fuir mais je cours sur place sans avancer. Tout à coup je suis environné d’anges portant quatre ailes bleues. Ils babillent dans un langage incompréhensible parlant d’étoiles fixes, de supernovas, de rayonnement électromagnétique, de hadrons, bosons, neutrinos, parfois étranges ou chargés de beauté. Ils chantent : Nous sommes les chérubins porteurs de science, JOPHIEL est notre maître. Je reconnais les anges qui se font face sur le propitiatoire en or, qui couvre l’Arche d’alliance.
La chaleur devient brûlure intense, des anges portant six ailes rouges, deux pour se voiler les yeux devant Dieu, deux pour voler et deux pour cacher leur intimité, envahissent le ciel qui prend une couleur de braises incandescentes. Ils sont au plus près de Dieu, ceux qui brûlent, les séraphins. MACRON le recteur des anges, le prince de la Face, règne sur eux.
Je me réveille affolé. Macron, que vient-il faire dans ce cauchemar ? Lapsus freudien, rêve révélateur. Le prince de la face, le recteur des anges ce n’est pas lui, c’est MÉTATRON, l’archange le plus proche de Dieu. J’ai eu chaud.
Le 03/05/2022
À la une du Télégramme du 22 avril 2022, une photo titrée « Marioupol, la chute ». On y voit une femme plutôt jeune, tirant un caddie où sont ficelés plusieurs sacs. Elle est chaudement vêtue, porte des chaussures de marche en bon état et un sac-à-dos. Elle tient à la main, un sac en toile où il est écrit : « No to plastic » et « Stop au plastique ». Le sol est jonché de débris, de tôles tordues, derrière elle on peut voir un abribus défoncé et des immeubles éventrés et noircis à perte de vue.
Elle regarde en arrière avec un rictus douloureux, comme si elle attendait quelqu’un, (sans doute un enfant car elle baisse un peu la tête) ou jette un dernier regard sur son passé en ruine. Personne d’autre sur la photo sauf au loin, un secouriste peut-être, vêtu de blanc et de rouge. La femme a pris l’essentiel de ses affaires et s’est préparée à l’exode. À passer des nuits dehors. À survivre sur ses propres ressources pendant plusieurs jours. Le sac de la femme porte, curieusement en français et en anglais, une injonction contre le plastique. Peut-être songe-t-elle maintenant, à sauver sa vie. D’abord.
La guerre ! À la télévision ! Des morts partout, suppliciés, des ruines, comme à Brest à la libération et des massacres perpétrés par les troupes en retraite (Gouesnou, Plouvien…) La civilisation n’a-t-elle donc fait aucun progrès en 80 ans ? La guerre des images (manipulées ou non) fait rage. J’ai pensé au début, qu’elles pourraient enrayer le conflit et qu’une protestation générale pourrait entrainer un armistice. Mais la télévision et le cinéma ont tellement banalisé les images d’horreur et de crime, que le public blasé, anesthésié en quelque sorte, ne réagit que par une compassion humanitaire, insuffisante pour arrêter les hostilités. Et l’opinion russe, qui pourrait faire cesser la guerre, assommée par la propagande, ne réagit pas efficacement.
Wladimir Poutine pense sans doute comme le héros de Michel Houellebecq dans anéantir : « Une guerre est le moyen le plus sûr de ressouder une nation, et d’améliorer la popularité du chef de l’État. » Cynisme absolu mais très répandu !
Lénine écrivait en 1902 : Que faire ? Un livre sur la stratégie à adopter pour asseoir le pouvoir communiste en Russie. Il a mis 15 ans et une guerre mondiale pour y parvenir. Cent ans après, nous en subissons encore les terrifiantes conséquences. On ne se débarrassera jamais de la guerre, peut-être du plastique ?
Le 20/04/2022
L’intérêt général semble à priori une notion simple qui devrait recevoir l’adhésion de tout le monde. Cependant la société est composée d’individus. Il n’y a pas de société, il n’y a que des individus (Margareth Thatcher), selon la tradition anglo-saxonne. Ce n’est pas du tout la nôtre. Faut-il opposer les intérêts de l’individu à l’intérêt général ? Les droits de l’homme à l’État de droit ?
Il faut donc commencer par définir les droits de l’homme et du citoyen (l’individu). La démocratie doit s’appuyer sur ces droits pour construire la société. Celle-ci est issue de la souveraineté du peuple qui s’exprimera par ses représentants ou directement par référendum (c’est la Constitution de la France qui le dit). Mais la souveraineté du peuple est-elle garante de l’intérêt général ?
Au passage, il faut retenir que la souveraineté du peuple est remise en cause par le développement considérable des normes supranationales de source oligarchique (non démocratique), qui font primer le droit européen sur le droit national, y compris sur la Constitution de l’État. Constitution qui prévoit d’ailleurs, la prééminence des traités internationaux sur le droit français (Titre VI art. 55)
À partir du moment où une société est fondée sur des individus pour lesquels tout désir devient un besoin et tout besoin et devient un droit, on n’arrive plus à formuler un intérêt général (Bertrand Mathieu). Le développement de l’individualisme et du moralisme à la carte pourrait-on dire, mettent à mal l’État de droit. La religion n’est plus là pour mettre des limites claires et chaque individu, dans le cadre de la loi (ou non) peut, au nom des droits de l’homme, nuire gravement à l’intérêt général. Le développement du tourisme de masse en est un exemple parmi tant d’autres (droit à la libre circulation, art. 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme). Enfin, il n’y a rien dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789 qui pourrait justifier la tyrannie des minorités (Philippe Raynaud).
Il ne faut pas confondre l’État de droit et des tas de droits. (Guy Carcassonne). Éric Zemmour quant à lui, estime que l’État de droit n’a rien à voir avec la démocratie. Mise à part la provocation, on peut se demander si le gouvernement des juges, qui tend à s’installer, (l’interprétation des lois et uniquement cela) n’est pas au fond injuste, ou manque d’humanité : Dura lex, sed lex, formule qui n’a rien à voir avec les préservatifs.
Au-delà des mots et des arguties, la démocratie (même représentative) est le meilleur des systèmes car elle est fondée sur la liberté. La majorité élue décide de l’intérêt général, qui parfois peut imposer des privations de libertés individuelles (confinement covid par exemple) ou des répressions cruelles. Et si le peuple n’est pas content, il lui reste historiquement le droit à l’insurrection (art. 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793, article non retenu dans les Constitutions de 1946 et 1958).
Finalement, l’intérêt général en démocratie, dépend plus de l’attitude individuelle de chaque citoyen que de l’État de droit. C’est ce qu’on appelle le civisme.
Le 29/03/2022
Le terrible exode des Ukrainiens me rappelle celui des Brestois en août 1944. Je ne sais qui a qualifié d’Exode ce déplacement de population, sans doute moins important que la sortie des Hébreux d’Égypte, mais le mot s’est imposé. J’avais un an et demi et on me l’a raconté souvent.
Les Américains approchent de Brest. Cernés, les Allemands se préparent à soutenir un siège. Ils font partir les populations civiles pour ne pas risquer qu’on leur tire dans le dos. L’ordre d’évacuation de Brest et des communes alentour est donné le 14 août. Tout le monde doit partir immédiatement. Certains prennent une petite valise, d’autres partent comme ils sont. Il fait un temps magnifique, on ne songe même pas à prendre des vêtements chauds, des couvertures. Pour les provisions la question ne se pose pas, il n’y en a plus. Gaby, la sœur de papa, fera tout l’exode avec un seul chemisier. Il faudra lui trouver quelque chose à mettre pour sauvegarder sa pudeur quand elle le lavera.
Le père Le Lann (mon grand-père) a mis la grand-mère impotente dans une brouette. Elle n’est pas bien lourde mais on a chargé sur elle toutes sortes de choses si bien que la brouette paraît de plomb. Les hommes se relaient, échangent leur brouette pour se défatiguer. Je suis tranquille dans mon landau. Calme et jovial malgré la chaleur. On a entassé sur moi tout ce qu’on pouvait sans m’étouffer. Les enfants s’amusent à pousser mon carrosse. Maman a du mal à suivre.
Des paysans de Kerhuon nous dépassent en charrette à cheval. Voyant la grand-mère dans sa brouette ils la prennent avec eux. On n’a pas eu de ses nouvelles pendant tout l’exode. Il n’était pas nécessaire de la chercher dans toutes les fermes de la région. Belle-mère du père Le Lann (la deuxième femme de son père), il ne l’aimait pas beaucoup. Elle finira par rentrer chez elle, on ne sait comment.
Les Allemands nous font traverser le pont de Plougastel (qu’ils dynamiteront le 25 août) puis remonter l’Elorn par la rive gauche. La côte est dure pour arriver à Dirinon mais un poste de secours de la Croix Rouge nous y attend. Des infirmières distribuent du lait pour les enfants, quelque nourriture pour les femmes et de l’eau à l’abreuvoir pour tout le monde. Les hommes, servis en dernier, n’ont ni vin ni pain. On fait étape.
Les paysans autorisent les réfugiés à dormir dans la paille, mais interdiction de fumer. Mon père préfère dormir dans la ferme sur un banc. Pour se mettre un peu à l’abri des moustiques, il a placé un demi oignon cru de chaque côté de sa tête. Il ne craint pas de tomber du banc dans son sommeil, car dessous dorment les sœurs Normand, toutes deux souples et grasses à souhait. Les fermiers ont tenu à installer maman dans un lit clos avec moi. Elle ne fermera pas l’œil de la nuit, disant au matin qu’elle a dormi sur des barres de fer ! On lui avait pourtant bien préparé son lit, avec des draps propres. Les draps des morts, lui disent les commères voisines, venues observer le lendemain les citadins en déroute.
Le père Le Lann a dormi dans la paille avec la plupart des hommes. Ils sont dévorés par les moustiques. Après une nuit agitée, le jour le réveille avec une impérieuse envie de fumer. Perdu dans le foin, il tâtonne autour de lui cherchant sa blague à tabac. Il trouve enfin quelque chose de mou et de froid. Qui se met à bouger, il a saisi un crapaud à pleine main. Chacun s’écarte de son côté, réveillé pour de bon. Pendant la nuit, des combats ont eu lieu près de Dirinon. Les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) ont attaqué les Allemands. Nous ne pouvons pas rester là.
L’errance reprend. Les réfugiés s’installent dans les fermes qui veulent bien les recevoir, à Plounéventer, à Plouédern... Mon père décide d’aller à Plouguerneau où il a sympathisé avec des paysans, à qui il achète du beurre. Encore trente kilomètres de marche. Maman n’en peut plus. « C’est après ce virage, en haut de cette côte, on est presque arrivé… » qu’on lui dit sans cesse. Enfin c’est vrai, les Morvan nous accueillent dans leur ferme. Morte de fatigue, morte de faim, maman se laisse tomber par terre. Papa fait à manger. En cas de guerre ou d’épidémie il sait faire la cuisine. Dans la grande marmite qui sert à cuire la nourriture pour les cochons, il met les pommes de terre et le lard. L’évocation de l'odeur puis du goût, faisaient encore saliver les anciens, 50 ans après.
A la ferme, je suis comme un roi. Je cours partout avec la fille de la maison qui a mon âge. Je patauge dans le purin avec mes petits souliers blancs, je n’en ai pas d’autres (maman m’habille comme un petit prince). Elle ne parle que le breton et moi le français, quelques mots chacun, c’est suffisant. Elle m’appelle : « Deus’ta Gilbert ! » (Viens donc). J’accours pour jouer avec la terre. Cette petite sera l’aînée de dix-neuf frères et sœurs, des bébés que la mère rapporte parfois du champ dans son tablier. Ce qui prouve que les enfants naissent bien dans les choux, du moins à la ferme.
On n’était pas si mal à Plouguerneau mais Gaby, et Jo son mari, se faisaient du souci pour leur maison. Papa décide donc d’aller voir à Kerhuon s’il y a eu des dégâts. Il en profitera pour ramener son vélo. Vers Guipavas des combats violents ont eu lieu. François passe par les champs pour ne pas être arrêté par les Américains. Dans un talus des Allemands avaient creusé des trous individuels. Ils y sont encore, tous morts, portant des blessures dans le dos. Ils n’avaient pas choisi le bon côté. Papa avise une paire de bottes qui ont l’air neuves. Il les rejette horrifié, les pieds sont encore dedans. Il raconte :
« J’arrive à la maison, tout paraît normal. Je passe par-dessus le mur car je sais que les Allemands aiment bien piéger les portes. J’entre, tout est ouvert, sens dessus dessous. La saleté partout. Tous les lits ont été descendus dans la cave, sur l’un d’eux trône un tas de merde. De gros réveils sont posés dans tous les coins. Des photos traînent, je reconnais deux filles du bourg. J’apprendrai plus tard que celles-là sauveront leurs cheveux et leur peau car elles auront la chance d’être arrêtées. De toute évidence la maison a servi de bordel aux parachutistes allemands.
Tout ce qui avait une valeur quelconque, négociable immédiatement a été volé. Ils ont même volé ma croix de guerre avec étoile d’argent (reçue à Mers el-Kébir sur le cuirassé Dunkerque), heureusement je retrouve mon vélo. J’avais pris la précaution de cacher les roues dans le faux plafond de la cave. Le cadre seul n’était pas vendable en ces temps d’urgences.
Quelques jours après, je reviens avec Jo pour une exploration plus approfondie. Le jardin a été déminé. Je trouve dans le four de la cuisinière un énorme plat de poires cuites dans une épaisse couche de sucre caramélisé. Pour les poires, il suffit de se servir dans le jardin où les poiriers admirablement tenus par Jo, croulent sous les fruits. Mais pour le sucre en poudre, je n’en ai pas vu une telle quantité depuis longtemps. Jo ne veut pas en manger, elles sont peut-être empoisonnées. Elles ne l’étaient pas car j’en serais sûrement mort ! Jo a soudain une idée. Gaby a caché une bouteille de Byrrh dans la cheminée. On cherche, la bouteille y est toujours. A la guerre comme à la guerre, il a fallu la boire en entier, il aurait été peu vraisemblable que les voleurs en aient laissé. »
Le dix-huit septembre 1944 Brest est libéré. Nous rentrons à la maison. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Brest n’est plus qu’un monceau de ruines.
Le 09/03/2022
La guerre en Ukraine nous fait souvenir qu’une guerre mondiale est toujours possible. Et que les forces de dissuasion nucléaires n’empêchent en rien une guerre de conquête conventionnelle d’un grand pays. On peut même dire aujourd’hui que ça la favorise, en mettant l’agresseur à l’abri d’une riposte ou d’une aide directe des alliés, en leur faisant croire qu’une action quelconque en faveur de l’agressé peut déclencher le feu nucléaire. La dissuasion visée est donc inversée.
La situation dans les années 70, du temps de l’URSS, n’était pas du tout la même. Le livre du général sir John Hackett, La troisième guerre mondiale, 4 août/25 août 1985, nous donne une idée très précise de ce qu’aurait pu être un conflit mondial à cette époque, entre l’OTAN et les forces du Pacte de Varsovie. La cause principale de la guerre étant l’impérialisme soviétique inexorable et son entrisme en Afrique, au Moyen Orient, en Asie et jusqu’en Amérique.
Le conflit éclate quand la situation politique en Pologne devient intenable pour le pouvoir central soviétique. La guerre est le remède habituel des dictatures en difficultés intérieures. Après des succès initiaux, sans utilisation d’armes nucléaires tactiques ou stratégiques, l’URSS recule, elle va perdre la guerre. Le Kremlin décide alors d’utiliser la bombe H. Birmingham est vitrifiée. Riposte immédiate, c’est au tour de Minsk d’être rayée de la carte par quatre missiles MSBS.
C’est la fin, les républiques soviétiques et les états satellites de l’URSS se rebellent. L’empire éclate. Curieusement, c’est un Ukrainien infiltré au KGB, qui prend le pouvoir à Moscou. Il négocie le cessez-le-feu puis le traité de paix. L’union soviétique est démembrée, les républiques obtiennent leur indépendance et particulièrement l’Ukraine qui obtient un siège à l’ONU.
Contrairement à ce qu’on pouvait penser dans les années 70, l’URSS ne s’effondrera pas à cause d’une guerre mondiale. Elle s’est dissoute d’elle-même, sa ressource idéologique étant épuisée. Paul-Marie de La Gorce dans la postface du livre, évoque la fragilité des systèmes politiques de l’Est de l’Europe : « On peut récuser les faiblesses de son scénario, [de la troisième guerre mondiale] peu de gens comprendront qu’au premier choc la Biélorussie et l’Ukraine se séparent de la Russie, alors que ces trois pays forment depuis des siècles une même nation, unies par la même histoire – malgré les tentatives de dissidences menées en 1918 ou en 1941par les Allemands auprès des Ukrainiens – ayant résistés aux mêmes périls, traversés les mêmes épreuves, et que ces peuples sont étroitement imbriqués dans la société soviétique. »
« Le monde que décrit le brigadier général Hackett est bien tel qu’il est en réalité : un monde éclaté. De là la multiplication des crises qui le secouent, et qui le secoueront davantage encore à l’avenir. Et de là, peut-être, le seul risque concevable d’une guerre générale, si l’un ou l’autre camp, soudain trop affaibli par ces crises, tentait de rétablir son emprise par la force et déclenchait ainsi l’engrenage irrémédiable. »
Wladimir Poutine pressent-il sa fin prochaine, pour prendre le risque de déclencher l’apocalypse ? Peut-être ce Sardanapale ne le sait-il pas lui-même.
Le 14/02/2022
Emmanuel Macron a affirmé publiquement : « Je crois profondément qu’il peut exister des continuités entre Dieu et la science. » Cette énormité, dite sans doute spontanément, à l’inverse de certaines déclarations longuement méditées avec ses communicants et destinées à faire le buzz, est passée presque inaperçue dans la logorrhée générale. Elle a pourtant une grande importance.
C’est d’abord un non-sens évident. Il ne peut y avoir de continuité entre deux choses aussi opposées (c’est-à-dire un passage progressif de l’une à l’autre). La science est fondée sur la connaissance, Dieu n’existe que par la foi. Et la foi n’est fondée que sur l’opinion, qui elle ne repose sur rien de scientifique. Par exemple, les opinions politiques, en général, sont fondées sur la conjonction de points-de-vues, tous aussi peu étayés que la cueillette du gui chez les Gaulois.
Platon l’explique dans l’allégorie de la caverne. Des hommes sont enchaînés au fond d’une grotte depuis leur naissance. Ils ne perçoivent du monde, que les ombres portées sur les parois par les évènements extérieurs, qu’un feu allumé à l’entrée de la grotte leur projette. Ils se font ainsi une image de l’univers qu’ils croient réelle puisqu’ils la voient. Qu’un homme vienne à les visiter et leur expliquer le monde tel qu’il est, ils ne peuvent le croire. L’un a la connaissance, les autres ont l’opinion, l’ombre des choses. La science contre l’apparence. Comment pourrait-il y avoir continuité entre les deux ? La réalité virtuelle serait une version moderne de la caverne de Platon, espérons qu’elle ne devienne pas un outil de gouvernance.
La religion relie l’homme à Dieu. Elle s’appuie sur des textes anciens et des faits miraculeux. On sait combien les références religieuses s’opposent à la science. Beaucoup d’hommes ont risqué leur vie et l’ont parfois perdue, pour avoir voulu enseigner la vérité contre elles. Socrate, accusé de détourner les jeunes de la religion, Giordano Bruno qui croyait en la pluralité des mondes, Copernic qui attend d’être mourant pour publier son livre Des révolutions des orbes célestes, Galilée : « et pourtant elle tourne ! » et bien d’autres. Il est vrai que plus nombreux encore, sont ceux qui sont morts pour leur foi.
Mais Emmanuel Macron (Emmanuel signifie Dieu est avec nous et désigne le Messie) croit-il en Dieu ? N’a-t-il pas prononcé cette phrase tout simplement pour rassurer les croyants qui se sentent constamment attaqués par la laïcité à la française ? Vous pouvez voter pour moi, je crois en même temps à Dieu et au progrès scientifique. Mais ce n’est pas ce qu’il a dit. Le président n’a pas, comme Mitterrand accès à la transcendance (je peux me tromper). Il ne croit pas aux forces de l’esprit (qui n’ont pas de compte en banque). Peut-être est-il trop loin de la mort pour cela ?
Et les savants ne négocient pas avec Dieu. Copernic était chanoine, n’est-ce pas l’abbé Lemaître qui a inventé le Big-Bang en contradiction flagrante avec la bible ? Quant aux pseudo-scientifiques (le dernier est de la puissante et catholique famille Boloré) qui tentent de nous faire croire à l’intelligent desing américain (Dieu a tout prévu dès le début, ce qui explique l’évolution par exemple et renvoie Adam et Ève au vestiaire des ancêtres), ils ajoutent une croyance supplémentaire complètement inutile à la religion. On ne peut pas prouver scientifiquement l’existence de Dieu (pas plus que le contraire).
Notre président de la République, du fond de sa caverne élyséenne (il en sort souvent mais il l’emporte avec lui dans ses déplacements), croit voir le ciel. Pense-t-il aussi que le ciel le regarde ? Je le lui souhaite (pour la France) !